Ivre de bonheur, je suis triste
Je suis triste et ivre de bonheur

 

Je ne veux pas…
Être une victime.
Alors, je m’invente toutes sortes d’excuses
Et me rêve enfant de la chance.
Relativiser le passé
Effacer le passé
Dédramatiser le passé
Me rassurer :
Je suis si équilibrée.
Un tel passé, m’aurait-il enfantée ?
Un tel passé, qu’aurait-il enfanté ?

 

J’y crois
Tout le monde y croit
Qui sait vraiment ?
Pas moi
Plus trop

 

Les voisins crient, j’ai peur
Plus paralysée que la petite fille combative que j’étais
Mais la peur passe, et enfin j’agis.
Les flics arrivent, les cris se calment.
Je suis seule avec les ombres
Et la bravoure n’a plus lieu d’être.

 

Ce que j’avais pris soin de nier
Me revient désormais.
Les cris des voisins étrangers se sont tus
Et il ne me reste que le chaos.
Le passé s’échappe de ma bouche, de mes yeux
Et je le pleure
Je le vomis
Il me saigne.

 

Pourtant, je suis incroyablement chanceuse.
J’y crois sans peine.
Sans avoir à m’en convaincre.
Sans réaliser que c’est un mensonge.
Et je m’en sors si bien, merci.
Car je suis si chanceuse.

 

Yasmina

a-la-belle-etoile

Dessin en rectangle dans le sens de la longueur. Fond blanc un peu grisonnant sur la moitié haute, dessin au trait noir, comme des gravures anciennes. Image divisée à la moitié. Au centre, un peu décalée à gauche, une femme nue, aux cheveux longs jusqu’à la poitrine et qui a deux visages. L’un de face, l’autre de profil, souriant, qui regarde le ciel avec des étoiles dessinées. Cette femme porte deux jarres, une dans chaque main. De l’eau coule des deux jarres, dont tombent aussi des petits masses noires. Le genoux gauche de la femme est plié et posé sur une pierre. L’autre jambe en appui dans l’eau. L’eau représente la moitié basse du dessin, représentée par des traits très rapprochés et un peu ondulants. Au centre du dessin, derrière la femme, un chemin qui descend en grandissant jusqu’au bas de l’image, en forme un peu triangulaire. Le contour de cette forme est un trait noir épais. À l’intérieur, une répétition du même pattern, composé de trois demi-lunes, les unes dans les autres. Celles du haut descendent et celles du bas montent. Elles se rejoignent en trois endroits et forment donc des cercles. Derrière la femme, au centre des collines : sur la gauche, un arbre à quatre branches fleuries. Sur la droite, un arbre plus feuillu, un cercle dessiné sur son tronc et un oiseau arrivant pour se poser dessus. Au-dessus, le ciel composé de six étoiles. Deux très grosses, la plus haute, au bord haut de l’image, est centrée et dessinée au trait épais. Elle a plusieurs branches et plusieurs superpositions. La seconde, plus basse, sur la gauche de la femme, est dans la trajectoire du regard de celle-ci. Les autres étoiles sont petites et dispersées autour des deux premières à l’exception d’une troisième, que le visage de profil de la femme regarde. Cette étoile est en mouvement et ornée de plumes ou de feuilles sur la partie inférieure.

 

Illustration par Olga Ptôse