Il y a quelques mois, je suis allée chercher mes résultats de prise de sang et puis on m’a donné rendez-vous au planning familial. Mon compagnon ne pouvait pas venir, alors j’y suis allée seule.
Sur la chaise, dans la salle d’attente, le temps paraît si long. Enfin le docteur m’accueille. Il me regarde de haut en bas ; je m’en souviendrai toujours parce que j’ai ressenti un profond mal-être.

– Qu’est-ce qu’il s’est passé ?
– C’était un accident.
– Vous n’aviez qu’à vous protéger.
– Je me protège avec mon compagnon. Mais j’ai subi une opération lourde, je ne peux pas prendre la pilule.
– Oui, enfin, faut pas se cacher derrière ça.

Je me sentais tellement mal de prendre cette décision. Avec ce médecin ça a été tellement pire.

J’ai eu le procédé par médication : lundi, premier cachet, celui qui détache le fœtus, je n’étais pas encore trop mal à l’aise ; et mercredi, deuxième cachet, celui qui, lui, expulse le fœtus. Là je me suis sentie vide et triste. Deux jours plus tard, je vais aux toilettes et je sens le fœtus tomber. J’étais en larmes.

Mon compagnon pleurait aussi. J’ai eu du mal à gérer cette situation, mais aujourd’hui il me dit que c’est mieux, qu’on le fera quand nous serons prêts tous les deux. Mon plus grand rêve est d’être une maman. Mais ce n’est pas possible aujourd’hui.
Je ne regrette pas mon avortement car pour avoir un enfant il faut être bien, mais au fond de moi ça me ronge, car à chaque 9 du mois je me dis « tiens, je serais enceinte de tant ». 

 

 Marina

 

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Illustration par Lisa Chetteau