Je me sens coupable alors que je voudrais te haïr
Tu m’as fait trop de mal et je n’ai fait que sourire
Je me déteste d’être si faible, de n’avoir rien compris
À ce qui s’est passé ce soir-là, violée dans ton lit.
Ca aurait pu être différent, t’étais pas si fort,
Si j’avais su te frapper, j’t’aurais p’t’être mis à mort,
Mais je n’ai fait que gueuler, visiblement pas assez fort,
Tu as eu c’que tu voulais, j’ai pleuré sur mon corps.
Et comme une conne je suis repartie au matin,
Dans les vapeurs d’alcool, mes fringues à la main.
J’ai pas voulu admettre que t’étais un connard,
Je m’en suis voulu à moi ta conscience est peinard,
Coupable de n’avoir pas su me défendre, et t’as osé remettre ça
Avec ma meilleure pote, quelques jours plus tard,
Comme moi elle n’a pas compris la violence de tes bras,
T’as même pas mis de capote, j’ai flippé de choper le sida.
Maintenant que j’avance, j’ai compris mais trop tard
Que je suis la victime de tes saloperies de queutard
Que toute ma haine, j’aurais dû te la porter
Bien plus tôt et contre toutes les raclures que j’ai pu croiser.
Contre toi qui, un soir, a trop abusé,
Et contre tous ceux qui ensuite ont essayé,
Plus jamais je ne veux me laisser toucher.
Faudra du courage, c’est difficile de résister,
À la honte, la culpabilité,
Sentiments que nous jette la société,
Pour faire face à nos sexualités trompées.
Avis à ceux qui désormais vont croiser mon chemin,
Y a plus de tolérance pour les violeurs, les assassins,
J’te crèverai ton sourire, déchirerai tes entrailles,
Au moindre faux pas, désormais je mitraille.
JuMo
Illustration par Emilie Pinsan