On ne naît pas femme on le devient.

Ouais, moi je veux bien franchement.

Qu’est ce que ça change de le savoir

Qu’est ce que ça change pour moi ?

Qu’est ce que ça change pour toi ?

Comment on fait mieux après

Que celles qui le savent pas ?

Moi je crois qu’on sait toutes ça,

Avec des mots ou pas,

Avec des bouquins ou pas,

Qu’est ce qu’on fait avec ça ?

Comment on tue le patriarcat ?

Je sais que chacun de mes pas,

Chacun de mes choix,

Est le fruit de tout ça.

Un goût de liberté dans la tête,

Et au dessus les fils de la marionnette.

Pas trop râler, pas trop crier,

Pas trop parler, pas trop refuser,

Bien douce, maternelle, coquette,

gentille, câline, proprette,

Et un jour t’apprend que t’es pas obligée,

Mais qu’a partir de maintenant tu dois “t’émanciper” !

Qu’est ce qu’on fait avec ça ?

Comment on tue le patriarcat ?

Le poing bien haut je lève,

Et au prince charmant je rêve.

Je voudrais que ce soit pas si compliqué,

et qu’il vienne tout de même m’enlever,

pour faire des bébés, ou pas,

et partager les travaux ménagers.

Ouais mais pour arriver à ça, va falloir s’accrocher.

S’accrocher, s’accorder, s’encorder;

S’emmêler, s’démêler, s’dépêtrer,

Se demander si on aime vraiment cuisiner,

Et reconnaître qu’on est pas très très branchée fer a repasser,

Mais que c’est maman qui nous a appris,

A pas supporter les chemises froissées.

Qu’est ce qu’on fait avec ça ?

Comment on tue le patriarcat ?

On me parle d’opprimées, de s’révolter,

Mais faudrait pas trop trop “leur” en d’mander,

Sous peine, les pauvres, de les émasculer.

Toutes ces contradictions à la con,

S’émanciper, mais rester dans le ton,

Tout bousculer, porter du rouge à lèvres,

S’insurger, et suivre la mode de la saison,

Refuser d’s’épiler… mais pas pendant l’été !

Ouais, toutes ces contradictions à la con,

Si quelqu’un pouvait m’expliquer,

Qu’est ce qu’on fait avec ça ?

Comment on tue le patriarcat ?

Parce qu’ici je précise un truc,

J’suis pas bien meilleures que toutes,

Je me jette dans leurs bras à tous,

Constate ma propre incapacité,

A ne pas rejouer tout le temps,

Le même refrain,

Du début à la fin,

Les fins, je les connais par cœur,

Un peu comme toutes mes sœurs

Mais les débuts, c’est pas bien plus différent,

On se tourne autour, on s’évalue, on prend les mesures, ça cadre,

Mais finalement les motifs du rideau vont pas avec le papier peint,

Alors on secoue la nappe pour retirer les miettes,

Et on espère que les tâches partiront au lavage.

 

Tos

Lecture par Celine Le Coustumer

 

comment on tue le

 

Illustration par Maïté AKA Mia Whoo