Un jour, j’ai arrêté les jupes courtes et le maquillage trop voyant. Je suis moins sortie, j’ai pris des détours et de nombreux taxis car c’était préférable au métro.
J’ai baissé la tête, je l’ai levée de temps à autre. Je n’ai rien dit mais j’ai aussi répondu, j’ai marchandé : mon corps, mon intimité, mon intégrité.
Ceux que je pensais être les spectateurs, à la lumière de mes projecteurs, scrutaient un à un les bosses et les vallées, les stigmates de mes vies incarnées.
J’étais leur viande à l’étalage, pleine de la culpabilité en mes propres chairs, subissant l’épouvantable charabia qu’ils débitaient sur l’autel de ce qu’ils pensaient être du narcissisme.
Ils m’ont rendue coupable de mon état de femme.
Mais voilà, ça n’a jamais été mes jupes courtes, mon maquillage, ma tête levée ou baissée, mes réponses ou mon silence. Ça n’a jamais été moi. Ça n’a jamais été elles….
Ce « harcèlement du quotidien » comme ils l’appellent à la télévision, n’a rien de normal. Même si certains n’y voient que de la flatterie anecdotique.
Avec ce clip, je n’ai pas voulu monter au créneau et réaliser un brûlot féministe obscur et agressif. Je suis musicienne, je suis auteure, je raconte des histoires en les écrivant, en les chantant et même en les filmant. Je raconte des histoires et en particulier, la mienne. Cette histoire-là qui, dès qu’elle est accouchée, ne m’appartient déjà plus. Je ne suis pas un porte étendard. Mon groupe non plus. Mais par la force de la musique et la puissance des images, ces vecteurs d’émotions, j’espérais juste relater ce qui me touche.
Je n’ai souhaité qu’une chose : que les hommes se mettent à notre place le temps d’une chanson.
Le reste vous appartient. Faites-en bon usage.
Dorothée Pierson