On m’a toujours dit : « Maintenant tu es une mère, respecte-toi ! »

J’ai trois enfants : treize, sept et six ans. J’ai eu mon premier enfant à vingt-deux ans. Je suis bisexuelle, j’aime les rapports charnels.

Du jour de mon premier accouchement, tout a changé, je suis devenue une mère dans les yeux des autres.
Apparemment, il y a des choses qui ne se font plus lorsque nous avons des enfants.
Je suis partie au bout d’un an avec ma fille. Ne plus voir un éclat de désir dans les yeux de son père m’était insupportable.

J’ai rencontré un homme, avec qui j’ai eu deux enfants. Même schéma après mes grossesses : « Tu es une mère, tu dois te respecter, il y a des choses qui ne se font plus. », « Chut, ne fais pas trop de bruit, il y a les enfants à côté. », « Non, pas maintenant, les enfants sont à la sieste, ils peuvent se réveiller à tout moment. »

Je n’ai jamais compris : avant, j’étais une femme, ensuite, j’étais juste une mère.

Pourquoi ne pouvais-je pas continuer à vivre ma sexualité comme je l’avais toujours fait ? Mes responsabilités ne m’ont jamais freinée, j’ai toujours été capable de faire les deux sans enlever le temps et l’amour inconditionnel que je porte à mes enfants.

J’ai également quitté le père de mes deux petits, car l’entendre dire : « Tu t’habilles trop court, quand même, avec les petits ; c’est pas classe. », « Tu es encore en pyjama ? » et ne plus l’entendre dire : « Tu es belle. », « J’ai envie de toi. » me faisait perdre toute confiance.

J’ai ensuite (encore) rencontré un homme, avec qui je n’ai pas eu d’enfant. Quelqu’un qui m’a laissé m’exprimer sexuellement, avec qui tout allait bien, jusqu’au jour où mon rôle de maman a encore tout flouté. Encore les mêmes phrases : « Tu es maman, il y a des choses qui ne se font pas. »

Je ne comprends pas : j’aime le sexe, j’aime les femmes, j’aime les hommes, j’aime me sentir désirable. Pourquoi la bien-pensance devrait nous cantonner à nous priver ? Je ne suis donc pas restée avec cet homme.

Aujourd’hui, j’ai décidé d’être une mère, mais également la femme que je suis et depuis, je compose très facilement avec ma vie professionnelle, ma vie de maman et ma vie sexuelle, je suis heureuse et épanouie, mes enfants le sont également.

Le culpabilité a joué un rôle inconfortable, parce que les mentalités en sont là  : « Être une mère, c’est se priver. » et j’en suis incapable, j’ai toujours exprimé ce mal-être à mes conjoints, mais ils n’ont pas voulu l’entendre.

Pour moi, être une mère c’est tout simplement rester soi-même, avec beaucoup d’amour à donner.

 

G.

Dessin au feutre fin noir et crayon de couleur sur fond blanc : une sirène enceinte aux longs cheveux noirs, porte au-dessus de sa tête une amphore dont tombent d’épaisses gouttes d’eau. Elle a un troisième œil au front et la bouche ouverte, sa queue est séparée en trois parties reliées par des petits os comme une colonne vertébrale.

Illustration par ©Alraun

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