Énorme pétard et jeux vidéo pendant trois à quatre heures. À dose quotidienne, tous les soirs, pendant une dizaine de jours.
Puis une prise de conscience au terme d’un marathon plus long que les autres, en me réveillant les paupières sèches et le cerveau engourdi par la conso de la veille. Une semaine de rythme sobre et sain, puis rechute et retour à l’étape 1.
C’est le cycle qui régit mon existence depuis bientôt seize ans.
Je viens de fêter mes 33 ans. Je suis marié avec une femme qui m’aime comme je suis, j’ai un boulot fixe, une bonne dizaine d’amis de longue date… Mais je ne suis pas fichu d’affronter la vraie vie en restant lucide plus d’une semaine.
Passé ce délai, j’éprouve le besoin irrésistible de retourner dans ma bulle en allumant un gros joint de naturelle et en m’évadant dans les jeux vidéo. Une partie de moi aime ces moments par-dessus tout. Je suis un vrai geek passionné, j’en tire un immense plaisir.
Et puis vient chaque fois ce fameux matin où je remonte brutalement à la surface, vers la vraie vie, pétrifié de honte. Chaque fois, je me promets de ne jamais retomber dans ce cycle.
Pendant toute ma journée de travail, je culpabilise, me lance de belles promesses. Mais dès la fin d’après-midi, je n’ai plus qu’une seule envie : rentrer chez moi, m’asseoir sur le canapé, rouler un joint et lancer une nouvelle partie.
Je résiste généralement à cette tentation pendant une semaine, j’essaie vraiment. Puis je replonge.
En soi, le problème, ce n’est pas que je sois un geek porté sur la fumette, un peu glandeur et distrait. Les gens m’aiment bien comme cela, et je ne me déteste pas. Le problème, c’est que ce n’est pas vraiment moi.
Ma vraie personnalité, c’est celle qui réapparaît durant mes trop rares périodes de lucidité. Celle qui veut utiliser son temps libre à des projets créatifs, et qui constate que tout avance au ralenti. Surmotivé, je me remets alors au travail, mettant à profit toutes mes soirées libres… Avant de tout remettre entre parenthèses une semaine plus tard.
Je sais ce que je veux faire de ma vie, mince ! C’est pourtant une chance en soi… M’engager dans l’aide sociale ; écrire une nouvelle pour une amie éditrice ; enregistrer un mix de musique électro tous les mois ; faire publier une enquête journalistique à mon nom (c’est mon ancien métier) ; réaliser une interview pour mon blog toutes les deux semaines ; apprendre plusieurs codes de développement informatique pour évoluer dans mon travail.
Ne plus acheter d’herbe ? Sur le papier c’est facile, et parfois, j’essaie. Mais sans le réconfort de savoir que quelques grammes m’attendent chez moi dans un tiroir « juste au cas où ».
je deviens littéralement dingue, d’une humeur insupportable pour mes proches. Je craque généralement au bout de quelques jours.
Je ne suis ni heureux, ni malheureux. Je n’ai pas de vrais problèmes à affronter. Je suis juste toujours, au fond, cet ado terrifié par la vraie vie qui a tiré sur son tout premier joint pour s’en échapper, il y a de cela seize ans.
Il y a du mieux, ces derniers temps. Mais je me garde bien de crier victoire, c’est évidemment très précaire. Je sais que la seule chose qui pourra me faire basculer définitivement du bon côté, c’est la naissance de mon premier gamin.
Je ne sais pas… Est-ce que c’est pathétique, de se dire que l’on sera finalement sauvé par son gosse ? En tout cas c’est ce que je pense. Sur ce projet-là, nous sommes deux, et je ne pourrai pas laisser tomber en cours de route.
N.
Illustration par N.O.
Je vis quelque chose de similaire.j’ai 46 ans et un fils de 14 ans,. Je fume, il joue aux jeux vidéos.
Je perds mon temps, et un peu la mémoire.j’arrete, une semaine, quinze jours…je passe le plus dur, puis je reprends.Je ne trouve plus d’autres chemins de récompense, l’autoroute est tracée.Je culpabilise, puis décide de m’en foutre.J’ai connu d’autres drogues, vers 20 ans.
Mon fils a été une grande motivation, pendant ses premières années, je ne fumais plus, ou tres occasionnellement, aucune autre drogue.c’est venu doucement, incidieusement.Au debut, je fumais le soir, quand l’enfant dormait.Je ne sais plus très bien comment ca a glissé.Maintenant je peux fumer dès le matin.Mon fils m’encourage quand je décide d’arrêter, mais il sait aussi que je vais etre irritable, voir irascible.J’ai fréquenté le csapa, et puis j’ai laissé tombé.Je bosse, fais tourner la baraque.
Je me retrouve totalement dans tes phrases…ce n’est pas vraiment moi…la weed rends nonchalant, procrastineur.Elle m’isole socialement, je veux rentrer fumer.Je me promets de réguler, je n’y arrive pas…