Actuellement, je vis en couple avec deux hommes. Nous ne sommes pas non plus un trio, chacun a son temps à lui, je vois chacun séparément. Ils se connaissent, se respectent mais c’est pas pour autant qu’ils s’aiment. Il y a eu une certaine rivalité au début et puis très vite, les choses se sont apaisées. Quand je suis avec B, je ne vois pas L. Quand je suis avec L, je ne vois pas B. Chaque soir, je les appelle à tour de rôle, c’est un rituel. Si je n’arrive pas à avoir l’un des deux, je suis inquiète.

Il n’y a pas qu’eux. Il y a P, F et M qui viennent me voir une fois par an, selon les disponibilités.
Je n’ai aucune préférence et je ne me mettrai en couple standard pour rien au monde. J’aime trop ce mode de vie. Mais parfois je me souviens de D, j’étais restée en couple deux ans avec lui et jamais je n’ai eu envie de le tromper. La clef de la réussite résidait dans le fait que nous ne vivions pas ensemble. Comme avec tous mes amoureux. À chaque fois que j’ai vécu avec un homme (deux fois), ça a foiré.

J’ai vraiment du mal à écrire sur ce sujet qui me semble si naturel… J’ai lu les autres témoignages qui parlent tous d’un surplus d’amour à donner, partout. Dans mon cas, je pense que c’est surtout un refus des conventions. Je n’ai pas encore rencontré ma moitié, « l’homme de ma vie » comme on dit (bien que je n’y crois guère), celui en tout cas que je pourrais aimer toute ma vie et qui m’aimera en retour. Mes amoureux restent en quelque sorte de meilleurs amis, sur qui je peux compter et qui ne me jugent pas. De bons petits animaux de compagnie en somme. Non, je suis méchante, je les aime sincèrement et j’aime faire l’amour avec eux.

J’ai beau chercher, je ne vois pas d’où me vient ce mode de vie. J’ai des parents qui sont ensemble depuis environ 45 ans, sans un nuage sur leur couple, toujours soudés et aimants. Hormis D que je n’ai jamais trompé, je l’ai dit, j’ai trompé tous mes mecs. La fidélité ne m’a jamais parue une valeur morale de première importance. Aimer, il n’y a rien de mal à ça. « Tromper » : encore faut-il promettre et ce n’est plus mon cas. Maintenant j’annonce clairement la couleur aux nouveaux prétendants : ils seront la troisième pièce de l’échiquier. Je suis profondément anarchiste et féministe.

Dessin en noir et blanc au trait fin : sur fond blanc, en bas du cadre, au centre, une femme aux yeux immenses et vides est assise sur un fauteuil. Elle est entourée de deux personnages au corps d'hommes aux têtes d'animaux (à gauche, un chien, à droite, un chat). Ils portent tous les deux un pantalon élégant et une chemise, très classes. Tous ont un bras passant derrière le fauteuil de la femme.

Dessin en noir et blanc au trait fin : sur fond blanc, en bas du cadre, au centre, une femme aux yeux immenses et vides est assise sur un fauteuil. Elle est entourée de deux personnages au corps d’hommes aux têtes d’animaux (à gauche, un chien, à droite, un chat). Ils portent tous les deux un pantalon élégant et une chemise, très classes. Tous ont un bras passant derrière le fauteuil de la femme.

Charlotte

Illustration par Anna R.