Le samedi 22 novembre 2014, j’ai une soirée sur Paris.

Je suis de Reims, j’ai fais 2h de route pour arriver chez Matt pour son anniversaire. C’est un F1 à Paris. Il y a une petite pièce à dormir (pour Matt et sa petite amie), et le salon avec un canapé qui se déplie en un petit lit double, et un autre petit canapé. Il fait chaud, donc j’enlève mon pull, mais je garde mes deux marcels (un kaki, sous un noir). Je croise mes potes, dont Xander que je connais aussi depuis 2 ans. Xander est vieux, moche, blond (tout ce que je déteste), un peu dégarni aux cheveux blonds grisonnants, et porte une chemise médiévale ample noire. Durant la soirée on parle de photos qu’on a faites lors d’une soirée publique de plusieurs centaines de personnes. Je fais des photos de danse et de feu, et lui est cracheur de feu. Il explique à une nana :

“Y’en a à la fin de la soirée qui croyaient qu’on était en couple !

– Mais qui a dit une connerie pareille ?” Je fais.

– Ça va, t’es pas obligée d’être choquée qu’on puisse être ensemble !” Dit-il, vexé.

On papote à droite à gauche, puis à un moment je me retrouve sur le canapé avec Xander. Matt vient de me dire qu’il m’avait trouvé une place sur le canapé pour m’éviter de conduire à pas d’heure pour rentrer chez moi. Et Matt me demande si ça ira de dormir avec Xander. Moi j’avais compris dans la même pièce vu qu’il y avait l’autre canapé, il pouvait bien y dormir. Et là Xand’ me sort :

“Ce qui est bien avec toi, c’est que j’ai plus du tout, du tout d’attirance sexuelle pour toi.

– Cool ! Bah c’est bien ça !” Je lui réponds avec un large sourire, et lui a une grimace bizarre.

Durant la soirée, je comprends que le canapé fait lit double et y’a pas d’autre lit… en fait. Ca me fait bizarre sur le coup mais je me dis que je peux rien dire, il va pas me sauter dessus puisqu’il a dit qu’il avait plus de désir pour moi. Après tout on a bien fait un camp médiéval dans la même tente, même si j’étais dans mon duvet et qu’il a passé sa nuit à parler à l’extérieur avec des gens, et qu’il est venu se coucher quand moi je me levais. Je ne me rappelle plus exactement quoi ni comment, mais je lui ai foutu un troisième râteau dans la soirée. La soirée se termine, et les gens partent, Matt et Xander fument en ouvrant la fenêtre du salon, là où on va dormir. J’ai froid donc je remets mon écharpe et mes pulls, j’ai beau avoir six couches sur mon dos, j’ai froid.

Fatiguée je vais me coucher à 3h50.

Xand bourré me parle du mec du Free Fight avec qui je prévoie de prendre un verre le lendemain. Je comprends pas tout ce qu’il dit depuis déjà longtemps dans la soirée. Je me mets dans le lit, j’ai froid. Je suis allongée toute habillée avec mes cinq épaisseurs sur le dos (dont mon jean et mon pull), en chien de fusil, les deux bras sous la couette et je ne lui réponds plus pour qu’il me lâche et me laisse dormir. Monsieur a besoin de parler plus. Moi j’ai besoin de dormir. Mais sa volonté prime (puisque c’est un homme ?). Je dis rien, je réponds plus et je fais style que je dors. Je me décale un peu plus sur le côté pour lui laisser encore plus de place. Je ne veux pas qu’il s’approche de moi. Mon esprit commence à dériver. Mais il parle toujours. Soudain il devient nerveux :

“Ok, tu t’en fous !” Dit-il agacé.

Je l’entends enlever avec nervosité toutes ses fringues, déboucler sa ceinture, comme s’il allait se venger en boudant. Et venir en slip contre moi dans le lit. Collé. Je sens tout son corps presque nu contre moi.  Il se colle tellement que je sens sa bite entre mes fesses. Je veux pas. J’aime pas. Mais si je dis quelque chose il va se vexer et m’engueuler et me prendre pour une psychosée et m’insulter. Alors j’attends. Je regarde la veilleuse changer de couleur. Plusieurs fois. Du rouge au bleu. Du bleu au vert. Quelques minutes. Les yeux ouverts. Je suis paralysée. Je sais pas quoi faire. Mes cheveux me font mal. Il faut qu’au moins je n’ai plus mal. J’ai eu beau me mettre sur le côté et lui laisser 2/3 de la place. Il m’avait tiré les cheveux en s’installant sur moi avec son coude sur mon oreiller (qui n’était pourtant pas grand). Je lui dit :

“Tu me fais mal aux cheveux, ton coude me tire les cheveux…”

Pas de réponse. J’essaie au moins de les remettre en place sachant qu’il s’en fout. Je suis obligée de les saisir et de les tirer de sous son coude toujours appuyé. Il met son bras lourd sur mes côtes, j’arrive pas à respirer. J’attends. Quoi ? J’en sais rien. C’est idiot, parce qu’il va pas finir par se retourner et dormir de son côté. Je tente de lui parler :

“Tu peux bouger ton bras, parce que j’arrive pas à respirer là…

– Pourquoi, ça te gêne ?

– Oui, je peux pas respirer.”

Du coup il place sa main, plus bas : sur ma hanche. Je me dis que là c’est chaud ce qu’il fait. Mais je peux pas dire qu’il va trop loin, l va se vexer et m’engueuler et m’insulter de folle, mais c’est quoi aller trop loin si ça continue ? Je me pose une limite :s’il me touche plus (me saisir les cuisses ou les fesses, je n’ose même pas imaginer qu’il puisse essayer de me caresser ou me pénétrer avec ses doigts), je dirais STOP. Mais je veux même pas que sa main soit là. Quelques secondes après il me pétrit la fesse à travers le jean. Je me dis que c’est pas possible ! Mais je me dis là encore j’ai pas le droit de dire quoi que ce soit puis qu’il ne va pas considérer ça comme une agression sexuelle. Puis il me re-pétrit dans un second mouvement, entre la fesse et la jambe, son majeur s’approche de ma chatte. J’ouvre les bras sous la couette et le repousse (mais j’arrive pas de beaucoup puisqu’il résiste, et force pour rester collé contre mon corps) en laissant mon bras sur le sien pour qu’il ne puisse pas revenir et se refermer sur moi. Il est tellement lourd, comme une masse. Mais il est encore largement collé à moi.

“Qu’est-ce tu fais ? Qu’est-ce tu fais ?” Je commence à paniquer.

– Quoi ?…” Et il revient sur moi.

“Non !” Une pause.

“Non, tu t’en vas !” J’essaie de le repousser en vain.

Je lui dit une deuxième fois mon mécontentement :

“Tu me lâche, tu retournes de ton côté!”

Il ne bouge pas et réessaie de m’enlacer.

“Non, retourne de ton côté !”

Je suis furieuse et je sens la panique me tenir. J’ai un flash. Mes cours de Free Fight. La voix de mon prof qui m’explique parce que je le lui demandais :

Quand un assaillant est derrière toi, tu lui balance un coup de coude, une fois de chaque côté, jusqu’à ce qu’il te lâche, puis tu garde son bras dans ta main pour garder le contrôle. N’hésite surtout pas.”

Je lui donne un coup de coude pour que – malgré son état bourré – il me lâche enfin. Il ne retourne pas de son côté, et non seulement il ne retourne pas de son côté, mais il ne bouge pas du tout. Il force sur moi pour rester là où il est. Je me dis que j’ai été assez claire dans mes refus, et j’ai peur. Je veux qu’il ne me touche plus du tout. Je lui donne deux autres coups de coude pour qu’il se détache de moi, complètement paniquée tout en disant “Retourne de ton côté” à chaque fois. Ça finit par marcher, mais énervé, il s’éloigne et se retourne en m’enfonçant son coude dans les côtes et disant :

“Fais moi un peu de place !

– Ça va tu as déjà les 2/3…”

Et la il pète un câble. Il se lève.

“Vas-y j’en ai marre. Je me casse… J’en ai marre de toutes ces filles psychopathes. La prochaine fois qu’un nana me frappe je la frapperais aussi. On est pas amis. Les projets ensemble, tu oublies !”

Des menaces, super….

Je lui réponds :

“Tu m’as déjà frappé en retour là je te signale…

– Quand ?

– Quand tu m’as donné un coup de coude dans les côtes pour me pousser sur le côté. J’ai encore mal.

– N’importe quoi ! Mais tais-toi, ce que tu dis ne m’intéresse même pas…”

Il se lève et essaie de se rhabiller.

“Tu sais quoi ? Tu es aussi malade que Floriane [une héroïnomane qui lui a piqué ses staffs de feu et qui passe son temps a fumer de l’herbe avec qui il a voulu coucher et qu’elle non]. T’es une tarée. Tu crois que moi, j’aurais voulu coucher avec toi ? Non mais tu rêves ! Nos projets ensemble : tu oublies. On n’est pas amis. Si tu réagis comme ça, après tout ce qu’on a vécu, c’est qu’on est pas amis. C’est pour la même raison que j’ai coupé les ponts avec Manon [16 ans].”

Il a continué à parler et à m’insulter. Moi j’étais dos à lui dans ma position de départ pour dormir. Les yeux fermés, en chien de fusil pour faire croire que je dors. Il ma dit :

“Tu es super violente, tu te rends pas compte de comment tu réagis. […]”

Je me souviens avoir répondu, encore dans l’espoir que comme il était bourré, le lendemain il oublie :

“J’essaierais de le faire…

– Mais tais-toi… J’en ai rien a foutre de ce que tu dis.”

Puis il a continué à parler et me rabaisser encore. Dans son discours il s’arrête et me demande une première fois:

“Pourquoi tu as réagis comme ça?”

J’ai fermé les yeux et attendu vu sa réaction quand je répondais. Je me disais qu’il valait mieux ne pas répondre. Que ça envenimerait les choses. Et que de toute façon quand je lui avais répondu, les deux fois il m’avait dit qu’il en avait rien a foutre de ce que je pouvais dire.

“Réponds !” Il était très ferme et énervé.

Il est repartit à me comparer a des psychopathes qu’il avait connu et je commençais a me demander qui était la victime et qui était le bourreau. À la fin il m’a redemandé :

“Mais pourquoi tu as réagis comme ça?”

Je n’ai pas desserré les dents. Le cœur qui battait a fond.

“Réponds !” Il était très ferme encore, et peut-être encore plus énervé.

Puis il a trébuché quelques fois lourdement et s’est assis sur l’autre canapé à rien dire. Il faisait des trucs sur son portable et attendait. J’avais peur que finalement il décidé de rester. J’étais crispée à serrer l’oreiller contre moi. J’avais du mal à respirer, la gorge sèche et le cœur qui tonnait.

Au bout d’un moment qui ma parut des heures, il a pris ses affaires et avant de sortir, il est repartit dans un discours interminable. Il y a un passage qui ma choqué :

“C’est ça : reste, reste avec tes sextoys du Free Fight, parce que ça va te mener à rien. Rien du tout. Tu perds ton temps.”

Il essayait de me faire le plus de mal psychologique possible. Et j’ai réalisé que je ne voulais pas d’un ami si la condition pour le rester c’est d’accepter de d’être violée. Un ami ne fait pas ça.

J’ai attendu de l’entendre dans les escaliers puis dehors. Puis j’ai osé aller jusqu’à mon téléphone : il était 4h08. On est dimanche 23. Et j’attends encore quelques minutes avant de réveiller Matt et de lui parler.

J’ai toujours cette impression, moins d’une semaine après, et même si tous les gens à qui j’en parlent tentent de me déculpabiliser, que je suis coupable, d’une manière ou d’une autre. Matt m’a dit que j’avais bien réagi. Cependant il a ajouté

“Il était bourré, c’est normal de tenter.”

Je me suis énervée :

“Non ! Quand l’autre n’a pas envie, c’est pas ‘normal’, non !

– C’est pas ce que j’ai dit, tu as mal compris. Bon t’es à chaud…”

Genre pauvre petite femelle hystérique, il faut qu’elle se calme, c’est un malentendu bien-sûr.

Après un temps de réflexion il m’a dit :

“Moi je n’ai jamais violé aucune fille. J’ai bien fait des soirées où j’étais bourré et j’ai tenté et j’ai eu des râteaux. Tu sais ça arrive aussi que les nanas comprennent pas ce que ‘NON’ veut dire…”

Là j’étais en rage intérieure. Donc quand on est bourré, on a le droit d’embrasser des nanas de force. Et on détourne en disant que les nanas aussi le font ? Ca m’étonnerait qu’elles leur aient mis un doigt dans le cul ou baissé leur culotte pour faire leur affaire. Deux poids, deux mesures, mais bien-sûr, on doit se taire parce que parfois “la même chose arrive dans l’autre sens”.

J’ai la nausée quand un mec me fait des propositions. J’ai plus d’envies sexuelles depuis samedi. J’ai la série de viol que mon premier mec a osé me faire qui me revient en pleine tête. Je suis terrorisée par les mecs, j’espère que ça va passer, je me dégoûte. C’est comme si la Peur s’était incrustée profondément dans mon cerveau, depuis que mon père nous frappait. Elle s’est développé dans les parties les plus sombres de mon esprit quand j’ai été violée il y a neuf ans à plusieurs reprise pendant plusieurs semaines par Bart, confirmant les idées traditionnelles de mon père sur l’abstinence et le tabou lié au sexe et aux hommes.

Elle se cache, mais elle est latente. Comme un prédateur tapis dans l’ombre, prêt à surgir et à m’envahir. J’ai peur de cette Peur. Ca m’englue, ça n’en fini pas. Je n’arrive pas à reprendre le contrôle et avoir une vie normale…

N.

Fanny Diogo - La décadanse https://www.flickr.com/photos/decadanse/

Fanny Diogo – La décadanse
https://www.flickr.com/photos/decadanse/.