(LUNDI  29 FÉVRIER 2016 – DIMANCHE 6 MARS 2016)

Calais Jungle — lundi 29 février :

11h06 - Les CRS empêchent l'entrée dans certaines zones.

11h06 – Les CRS empêchent l’entrée dans certaines zones.

13 h 00 :

29 Février - Calais, Jungle

Problème avec les portables, pas de batterie. On était à l’école du Chemin des Dunes pour les charger, mais l’électricité a été coupée. L’accès à certaines parties de la Jungle est empêché par les CRS. On a réussi à passer : il y a des CRS partout, ils sont armés et violents. Ils poussent les migrants et les journalistes, jusqu’à les faire tomber.

Des équipes de démantèlement défoncent les cabanes à coup de massue et de pieds de biche. Tout tombe par terre, complètement détruit. (On leur a demandé si on pouvait les interviewer, certaines personnes sont venues nous voir pour nous dire qu’elles n’avaient pas le droit de nous parler.) Pour protéger leurs abris, les migrants montent sur les toits.

Pourquoi tout s’est soudain accéléré alors que le gouvernement avait promis de ne pas utiliser la violence ? Parce que les No Border ont empêché les maraudes qui venaient chercher les migrants « pacifiquement » pour les sortir de leurs abris. Mais c’est un prétexte : une autre raison aurait été de toute façon avancée et les CRS seraient venus.

Tout le monde est calme sauf les CRS, ils ont des lacrymos, la situation risque de se compliquer. On filme avec la caméra, on ne peut donc pas envoyer les images en direct.

29 Février - Calais, Jungle

Un homme, assis sur le toit d'une cabane pour la protéger face aux démanteleurs et CRS.

Un homme, assis sur le toit d’une cabane pour la protéger face aux démanteleurs et CRS.

15 h 00 : Plus de batterie dans les portables, donc pas d’images pour le moment. Les CRS envoient les lacrymos. Il y a des enfants. Les gens crient « peace peace peace », « we are family ». Deux trois personnes lancent des pierres, mais les autres leur disent d’arrêter. Les gens sont calmes.

Bashay caravane médicale.

Bashay caravane médicale.

15 h 30 : Les bulldozers sont arrivés.

15 h 45 :

Camion de CRS avec bouclier.

Camion de CRS avec bouclier.

Des rangées de CRS avec des boucliers, des camions de CRS aussi, toujours avec des boucliers. Derrière, les bulldozers sont en train de ramasser les débris des abris qui ont été cassés par les démanteleurs (en orange sur les photos). De l’autre côté de la Jungle, tout fonctionne, le coiffeur, les restos. Et dans la zone sud, tout est en train d’être détruit progressivement. Les migrants attendent : ils ne savent pas où ils sont censés aller.

16 h 15 : Charge de CRS.

16 h 20 : Charge de CRS, lacrymos et tirs au flashball.

16 h 50 : Grosse charge, 400 CRS, au moins deux fois plus de migrants. On a pu se cacher dans une cabane et s’enduire le visage de savon anti-lacrymo. Les migrants jettent les cabanes sur le chemin pour que les CRS ne puissent pas passer. La situation est de plus en plus tendue. Nouvelle charge.

17 h 00 : Le camp est en feu : les migrants mettent le feu aux cabanes déjà détruites pour ralentir les CRS. Des bouteilles de gaz dans les cabanes provoquent de grosses explosions. Les gens crient : « Human Rights, France de merde. »

29 Février - Calais, Jungle

17 h 40 : Il y a des enfants, pas énormément. Les petits ont peur, ils restent avec les adultes. Les ados vont vers les CRS, mais les adultes les canalisent. Il y a eu les charges de CRS, les lacrymos tirés au fusil qui explosent sur les migrants, les cabanes en feu. La tension baisse. La nuit va bientôt tomber, tout le monde reste sur ses gardes.

18 h 30 : Le calme revient dans la zone sud. Le démantèlement a été fait à la main, les bulldozers sont restés derrières les CRS en prévention, mais ce sont les équipes de démantèlement qui ont détruit les cabanes avec des massues, des pieds de biche, des disqueuses, etc., pas les bulldozers. Les CRS ont chargé plusieurs fois dans l’après-midi. Il y a eu des tirs de lacrymos d’un côté et des jets de pierres de l’autre. Les migrants ont mis le feu aux cabanes déjà détruites et/ou les ont poussées sur les chemins pour ralentir l’avancée des CRS. Les personnes qui n’ont plus d’abris n’ont pas de solution d’hébergement.

19 h 00 : Un groupe de migrants court vers l’autoroute. Les CRS chargent. Sur nous et sur des groupes qui ne font rien, qui ne bougent pas. On est entre les jets de pierre et les tirs lacrymos. La destruction des cabanes représente 100 personnes sans-abri. 45 ont été envoyées dans les CAO (Centre d’Accueil et d’Orientation). On ne sait pas si les autres vont dans les containers et/ou les tentes bleues (les tentes de l’État). La première cabane a été brûlée par les tirs des CRS. Les migrants ont brûlé les autres. Mais après. Un enfant de 13 ans a été embarqué ce matin par les CRS parce qu’il a jeté une pierre. Des nouvelles quand on peut.

19 h 20 : On s’est pris des pistolets lacrymo. Les CRS tirent à bout portant. Impossible de filmer. On est sortis les mains en l’air en se faisant passer pour la presse. Un bénévole de MSF a parlé avec les CRS ce matin, qui lui ont confié ne pas vraiment savoir ce qu’ils doivent faire. Du coup, ce soir, ils tirent des lacrymos là où il y a des gens, sachant que là où il y a des gens, il y a des bouteilles de gaz et qu’il y a des risques d’explosion. On se fait contrôler par les CRS là.

Calais Jungle — mardi 1er mars 2016 :

9 h 30 : Attention aux infos. Les journalistes sont restés derrière les CRS ou carrément plus loin, sur l’autoroute. Nous étions en plein dedans. Ils parlent d’arrestations de No Border : c’est faux. Ils sont environ 5, c’est un prétexte. La personne embarquée est avec l’Auberge des Migrants. Les infos ne parlent que des migrants qui ont jeté des pierres et des cabanes. On se rend maintenant dans les entrepôts pour faire un état des lieux des ressentis. Retour à la Jungle vers midi. Des nouvelles bientôt, avec photos dès que possible.

Démantèlement de la zone sud, jour 2. À L'Auberge des Migrants, les dons continuent d'affluer, tout le monde est très actif.

Démantèlement de la zone sud, jour 2.
À L’Auberge des Migrants, les dons continuent d’affluer, tout le monde est très actif.

12 h 00 :

Les pelleteuses ramassent les débris des cabanes détruites.

Les pelleteuses ramassent les débris des cabanes détruites.

Encore une grosse présence des CRS ce matin, le ramassage des débris toujours en cours par les pelleteuses. La zone concernée est toujours inaccessible. Il y a des gens sur le toit de leurs maisons pour les sauver. L’école du Chemin des Dunes est toujours debout, mais fermée ce matin. Elle est dans la zone et ne devrait pas être détruite. Quelques migrants regardent le démantèlement se faire, désemparés et désespérés. L’ambiance est pesante.

Démantèlement en cours, les CRS surveillent.

Démantèlement en cours, les CRS surveillent.

Décombres d'une cabane que les CRS ont embrasé hier en jetant des cartouches lacrymogènes. On y voit clairement une bouteille de gaz qui aurait pu exploser sur les gens.

Décombres d’une cabane que les CRS ont embrasé hier en jetant des cartouches lacrymogènes. On y voit clairement une bouteille de gaz qui aurait pu exploser sur les gens.

1er Mars - Calais, Jungle

Cour de l'école du Chemin des Dunes.

Cour de l’école du Chemin des Dunes.

Cour de l'école du Chemin des Dunes.

Cour de l’école du Chemin des Dunes.

12 h 20 : Présence policière toujours très importante, des dizaines de camions. Distribution de masques anti-lacrymogènes sur place par des militants.

14 h 00 : La zone est calme, il pleut. Des adultes et quelques enfants près des lieux détruits.

Il pleut, pas grand monde dans la Jungle sauf près des lieux détruits, par solidarité. Quelques enfants présents

Il pleut, pas grand monde dans la Jungle sauf près des lieux détruits, par solidarité. Quelques enfants présents.

15 h 20 : Des médias évoquent la reprise d’incendies au sein de la Jungle. Ce sont en fait des bouts de cabanes détruites qui brûlent, comme hier (et probablement depuis hier). Il pleut beaucoup, les CRS sont toujours là, le démantèlement continue.

1er Mars - Calais, Jungle

15 h 50 : Les enfants sont chez eux dans les cabanes avec les adultes. Ils réclament l’école, mais les adultes ne souhaitent pas les y amener à cause de la présence des CRS. L’école est en plein milieu du démantèlement, des profs et éducateurs sont sur place. Hier les CRS ont refusé que l’on abrite les enfants dans l’école pendant les gazages. Résultat : des enfants ont été gazés.

16 h 40 : Les CRS ont quitté la Jungle.

17 h 30 : Hier, c’est l’extrême sud de la zone sud qui a été démantelé, une zone habitée principalement par des hommes seuls. Quand les cabanes ont été détruites, ils ont pu réagir, c’est-à-dire brûler les cabanes à leur tour pour manifester leur colère. Aujourd’hui, les CRS et les équipes de démantèlement ont continué de faire tomber des cabanes et de nettoyer la zone. La partie rasée représente environ 10 % de la surface totale de la zone sud.

Hier, une centaine de migrants étaient donc sans-abri (45 ont été envoyés dans les CAO). Nous n’avons pas le chiffre pour aujourd’hui. Certains ont essayé de passer en Angleterre ; il y a eu plusieurs tentatives de passage hier, il y en aura sûrement ce soir. Ils sont en petits groupes dans les environs, se débrouillant comme ils peuvent parce qu’ils n’ont plus rien.

La suite logique au démantèlement concerne les caravanes où vivent les familles, qui ont peur de cet avancement, ne pouvant pas se rebeller à cause de la présence de leurs enfants. L’Auberge des Migrants a aplani une étendue dans la zone nord et les familles sont en train d’y bouger.

Hier, un enfant (âge inconnu pour le moment) a été évacué d’une cabane. Ses parents sont à l’hôpital (MSF s’occupe de faire les feuilles de soin et réoriente les malades à l’hôpital de Calais.) Il a été sorti par les CRS puis récupéré par une prof qui lui a dit de mettre ses affaires dans l’école. L’enfant a fini par partir, la cabane n’est pas détruite, mais l’enfant est introuvable.

Calais Jungle — mercredi 2 mars 2016 :

8 h 30 : On a passé la nuit dans la Jungle. On pensait que les CRS préparaient une petite surprise, mais finalement tout s’est bien passé. On a renoncé à filmer l’entrée de l’Eurotunnel, les passeurs ne sont pas spécialement sympathiques et ne se laisseront évidemment pas approcher. Autant laisser le champ libre à ceux qui ont besoin de traîner dans les parages. Cette nuit, on a discuté avec des Afghans, des Syriens… Maintenant on se repose un peu et on reprend tout à l’heure.

10 h 15 : La nuit fut plutôt calme, mais, comme souvent, des incendies ont démarré. Vers 23 h 30, une caravane — vide — a brûlé. L’origine de l’incendie n’est pas connue. Ce matin, pour la première fois, les CRS nous ont demandé nos papiers pour entrer dans la Jungle.

Une caravane a brûlé pendant la nuit du 1er au 2 mars.

Une caravane a brûlé pendant la nuit du 1er au 2 mars.


12 h 20 : 
De retour sur le site. Les CRS sont de nouveau mobilisés en masse devant le démantèlement qui se poursuit. Ils se moquent ouvertement de nous et rient quand on s’approche pour prendre des photos : « Prends la pose ! » Concernant les 5 personnes arrêtées lundi, on devrait pouvoir donner des nouvelles aux alentours de 16 heures.

12 h 30 : Nous avons reçu une information au sujet de l’enfant (voir la publication du 1er mars, p. 5) : « Bonjour, l’enfant dont la famille était à l’hôpital n’est pas introuvable : sa famille est revenue de l’hôpital lundi soir, je les ai croisés hier soir. Ils vont aller dans la zone nord. L’école adultes est ouverte, la classe enfants était fermée (« zone à risques » lundi selon les CRS, qui ont empêché l’enseignante d’y mettre à l’abri les enfants pendant le gazage). Les enfants ont peur des CRS, aimeraient venir à l’école, mais sont en déménagement sur la zone nord. Les adultes craignent de venir à l’école et qu’on détruise leur abri. C’est arrivé à une personne hier : il était parti prendre un petit-déjeuner tôt le matin, quand il est revenu, sa cabane avait été détruite. »

13 h 00 : Plus de batterie. Il grêle.

13 h 30 : Le démantèlement de la Jungle de Calais continue. Nouveau départ de feu. Le mot d’ordre général des associations sur place : « on lâche rien ! »

Jour 3. Le démantèlement continue. Les départs de feu aussi.

Jour 3. Le démantèlement continue. Les départs de feu aussi.

Jour 3. Le démantèlement continue.

Jour 3. Le démantèlement continue.

Jour 3. Le démantèlement continue. Les départs de feu aussi.

Jour 3. Le démantèlement continue. Les départs de feu aussi.

Jour 3. Le démantèlement continue. Les départs de feu aussi.

Jour 3. Le démantèlement continue. Les départs de feu aussi.

Des bénévoles actifs ne lâchent rien.

Des bénévoles actifs ne lâchent rien.

13 h 40 : Nous déjeunons au café Hamid Karzai. On peut y manger des « kebabs » : des naans accompagnés d’épinards, de salade, de tomates… des galettes de céréale et de la sauce pimentée, des cuisses de poulet, du riz. Il y a du thé et du café. Aujourd’hui, nos deux kebabs et deux thés ont coûté 15 euros. Le thé est à 50 centimes. Le kebab est donc à 7 euros. Mais le premier jour, il nous a coûté moins cher. Peut-être que c’est à la tête du client, selon les jours, selon l’humeur. Les restaurants/salons de thé vont s’approvisionner au Lidl, en ville. Il y a du commerce dans la Jungle, l’argent circule, il y a des salons de coiffure, des supérettes. C’est dans les épiceries que l’on peut acheter des cigarettes, pas dans les cafés. Elles sont vendues à l’unité ou par (vrais) paquets, des Marlboros à 7 euros. Il y a aussi des tubes vides remplis de tabac, vendus par 5 ou 10 et mis dans du papier aluminium. C’est moins cher que les vrais paquets.

14 h 30 : Des volontaires viennent nous chercher en courant : venez, il y a des Soudanais qui se sont scellé la bouche, il faut filmer ! Nous partons en courant, il n’y a pas de Soudanais, mais un drapeau qui flotte au-dessus d’une cabane en feu. Nous sommes en zone kurde. Nous apprenons que des Iraniens cherchent des aiguilles propres pour se coudre la bouche : ils entament une grève de la faim.

15 h 20 : Nous avons des problèmes avec nos téléphones, il y a eu une tempête de grêlons qui les a abîmés. Au sujet des 5 personnes embarquées lundi et mardi : elles sont en garde à vue à la police aux frontières (PAF). La police accuse trois No Border. No Border dément. Il s’agit de deux Iraniens qui ont été arrêtés et placés en garde à vue parce qu’ils étaient montés sur le toit de leur cabane pour la protéger hier matin (mardi). Leur garde à vue prend fin ce soir et ils passent en comparution immédiate demain ; d’un Anglais, bénévole à l’Auberge des Migrants. Il risque d’être expulsé en Angleterre. (Pourquoi ?) ; d’une Allemande, bénévole à l’Auberge des Migrants. Elle est accusée d’avoir détérioré du matériel et d’avoir lancé un incendie ; d’une troisième personne (pas plus d’informations) qui est avec un avocat de Care 4 Calais.

17 h 00 : Au sujet des 5 personnes arrêtées, c’est encore assez confus : l’Anglais et l’allemande ont été relâchés ; on n’a pas de nouvelles de la troisième personne ; les Iraniens arrêtés sont en fait 4 au total : un couple arrêté pour être montés sur les toits et 2 hommes accusés d’avoir attaqué les CRS au couteau.

Huit Iraniens se sont cousu la bouche (grève de la faim). Leurs abris ont été défoncés, ils ne savent pas où dormir ce soir : https://www.facebook.com/assopolyvalence/posts/972884646098329

18 h 00 : Les deux hommes iraniens ont été libérés et sont revenus dans la Jungle.

23 h 45 : Aujourd’hui, l’un de nous a été contrôlé : passeport enregistré dans un camion CRS. La police pense que tous les activistes font partie des No Border et les accusent de tout casser. C’est faux. Tous les activistes ne sont pas des No Border et les No Border ne cassent pas tout. Enregistrez les informations, on fait de même. Bonne nuit.

Calais Jungle — jeudi 3 mars 2016 :

15 h 00 : Aujourd’hui 3 mars, 20 % de la zone sud de la Jungle est détruite. Les CRS avancent méthodiquement, rigoureusement et rapidement. Le gouvernement a promis « pas de bulldozers », mais les pelleteuses détruisent les cabanes. Quelle est la différence ? La zone kurde n’a pas encore été touchée. Le drapeau a pu être récupéré. Les CRS s’approchent de la rue des commerces. Les commerçants commencent à récupérer leurs affaires et à abandonner leurs boutiques, restaurants, etc. L’Ashram Kitchen est préservée. La progression a épargné la mosquée Al Nor, en zone soudanaise, mais pas les alentours. La zone où les familles se sont installées depuis mardi est très boueuse.

18 h 00 : On marche dans la rue, une voiture ralentit, un jet nous arrose. Sans doute un Calaisien en colère qui n’apprécie pas notre… notre quoi au juste ?

19 h 00 : Pas de batterie, pas de connexion. On rentre à Paris, on trie les images. On repart samedi. Les cabanes sont en train d’être supprimées, 50 000 euros qui partent en fumée. Tout le travail des bénévoles anglais, des assos anglaises est détruit. Une Anglaise de 18 ans a donné tout l’argent de son anniversaire pour aider à la construction d’une cabane. Pour rien. Les Anglais vont finir par partir si le gouvernement français saccage leurs actions et constructions, leur implication, leur engagement et leur aide. Les associations françaises doivent se mobiliser. Les bénévoles, les volontaires, les indépendants… Restez connectés, restez mobilisés. La question se pose aussi pour la cagnotte : nous voulons la diriger vers les projets concernant les femmes, les enfants, les mineurs isolés… Mais à quoi servirait la construction d’un terrain de foot, d’une salle de jeu… si tout est menacé de destruction en permanence ? Les enfants iront peut-être au camp de Grande-Synthe. Affaire à suivre. 

Calais Jungle — vendredi 4 mars 2016 :

12 h 00 : Les nouvelles à la radio ce midi, à propos de la situation de la Jungle de Calais : les No Border sont présents en masse sur le camp, ils manipulent les migrants, 3 500 personnes ont été envoyées cette semaine en CAO. C’est faux. Attention aux informations.

14 h 50 : Une douzaine d’Iraniens sont présents dans la zone menacée. Ils ont la bouche cousue et tiennent des pancartes en anglais, français et arabe en signe de protestation. L’école du Chemin des Dunes est toujours debout. La progression des maraudes de démantèlement menace la librairie « Jungle books ». 

19 h 00 : Les Iraniens qui se sont cousu la bouche ont écrit leurs revendications en plusieurs langues sur des pancartes. L’une d’elle étant qu’ils vont entamer une grève de la soif si la juge de la Cour européenne des Droits de l’homme ne vient pas sur place.

Samedi 5 mars 2016 :

Cagnotte I : http://bit.ly/243RzEY Marche féministe : http://on.fb.me/1QmrHNt Cagnotte II : http://bit.ly/1X2uE7t

Cagnotte I : http://bit.ly/243RzEY
Marche féministe : http://on.fb.me/1QmrHNt
Cagnotte II : http://bit.ly/1X2uE7t


Calais Jungle — dimanche 6 mars 2016 :

7 h 40 – Paris : Comité d’accueil : un contrôleur devant chaque wagon en plus du contrôle systématique des billets sur le quai pour le train de 7 h 40 au départ de Paris Nord et en direction de Calais-Fréthun.

9 h 40 : On peut monter quelques personnes (deux ou trois) à la jungle depuis Calais-Ville. 

10 h 10 : On part. Des nouvelles depuis la Jungle très vite.

10 h 40 : Quelques personnes arrivent sur place. L’Auberge des Migrants a commencé à placer des personnes dans la Jungle pour assurer la sécurité.

10 h 50 : Là où il y avait des cabanes, il n’y a plus qu’un terrain vague. L’école se retrouve totalement isolée.

La ou il y avait des cabanes, il n'y a plus qu'un terrain vague. L'école se retrouve totalement isolée.

Là ou il y avait des cabanes, il n’y a plus qu’un terrain vague. L’école se retrouve totalement isolée.

11 h 05 : Le camp est calme, il se lève doucement. Quelques migrants et bénévoles s’activent à déblayer les ruines. Les commerces sont ouverts. Faible présence de CRS autour du camp.

11 h 30 : Environ 200 départs pour l’Angleterre cette semaine. Les passeurs kurdes sont très actifs et bien organisés. Les rendez-vous se font loin de Calais, dans des zones moins contrôlées (on ne peut pas préciser où exactement, pour ne pas mettre les migrants en danger). Les policiers en ont assez, certains ferment les yeux et laissent passer les gens qu’ils trouvent.

11 h 40 : Les cabanes se construisent encore malgré les destructions. Les bénévoles ne lâchent rien. Quelques migrants (se) sont installés dans les tentes bleues (fournies par l’État). Il reste de la place mais le confort est très relatif.

12 h 45 : Arrivée massive de CRS.

12 h 55 : Les containers sont désormais pleins, beaucoup de gens ont finalement accepté de s’y installer.

13 h 00 : Les gens se sont mobilisés : la Jungle se remplit, les commerces aussi. L’ambiance est bonne, les gens font la queue au restaurant et s’y installent ; « Ça sent bon ! ».

13 h 30 : On mange des épinards, des naans, du poulet, de la salade tomates sauce piquante et des galettes de légumes.

14 h 00 : La Jungle s’anime, il fait beau. Les gens arrivent de partout : de Bretagne, de Touraine, les Zadistes sont là, les Anglais aussi ! À 15 h 00, il y aura un lâcher de ballons porteurs des messages des migrants.

14 h 15 : L’école du Chemin des Dunes est ouverte. En ce moment : un cours de français pour adultes. Grâce au travail remarquable de Zimako, le directeur de l’école, il y a du monde, de la vie, un petit feu qui brûle, des pommes et une ambiance positive malgré la situation.

15 h 00 : Les migrants font des graffs au pochoir sur les murs pour la journée des droits des femmes pour leurs mères, leurs femmes, leurs sœurs, leurs filles…

Les migrants font des graffs aux pochoirs sur les murs pour la journée des droits des femmes pour leurs mères, leurs femmes, leurs sœurs, leurs filles.

Les migrants font des graffs aux pochoirs sur les murs pour la journée des droits des femmes pour leurs mères, leurs femmes, leurs sœurs, leurs filles.

 

16 h 00 : Des musiciens venus en soutien se baladent dans la Jungle, de maison en maison. En parallèle, des migrants et bénévoles travaillent à déplacer les cabanes du sud au nord et à nettoyer le camp.

17 h 00 : Tout se calme dans la Jungle. Plusieurs centaines de personnes nous ont rejoints dans cette protestation positive. Elles ont pu constater par elles-mêmes à quoi ressemble la Jungle, les lieux de vie, ce qui a été créé par les migrants et les bénévoles et en face, les alternatives médiocres proposées par le gouvernement.

L’ambiance était festive, bien différente de celle qu’on a pu éprouver ces derniers jours.

Ballons