Ça faisait des années que je prenais la pilule. Vraiment des années, puisque j’ai commencé avec mon traitement anti-acné, vers 16 ans. J’en ai 27. J’en avais un peu marre, je l’oubliais régulièrement (environ une fois tous les mois, sur la fin) alors que je mettais pourtant un réveil à sonner pour ne pas l’oublier. J’ai une peur panique de tomber enceinte, et je n’en pouvais plus de flipper régulièrement à me demander si je l’avais prise. Puis j’ai lu Martin Winckler, la révélation : je voulais un DIU, la tranquillité.

Je suis allée voir ma gynéco “habituelle”. Elle m’a répondu qu’avec tout ce battage sur le danger des pilules, les femmes faisaient n’importe quoi, qu’on leur disait des tas de choses fausses, et que le DIU c’était dangereux sur les nullipares. Elle a bien voulu me le prescrire, mais pas me le poser (WTF ?).

J’ai pris rendez-vous à la clinique d’à côté, après avoir téléphoné et m’être assurée qu’ils posaient des DIU en cuivre à des nullipares. Secrétaire charmante, qui m’affirme que oui, parfait. SAUF QUE quelques jours plus tard, un oubli de pilule, et un rapport non protégé. J’ai peur de tomber enceinte, mais j’ai lu que le DIU pouvait se poser dans les cinq jours en contraception d’urgence. Je téléphone à la clinique, ils me donnent rendez-vous.

J’y vais, j’attends deux heures, j’ai peur, on m’a dit que ça faisait mal. Le médecin qui me reçoit finalement refuse de me le poser. Il dit que ce n’est pas une contraception d’urgence, que lui, il fait comme c’est marqué sur la notice, et que je reviendrai quand j’aurai mes règles. (Pour la petite histoire, je l’ai lue, la notice, pour en avoir le cœur net, et c’était bien marqué que l’on pouvait poser un DIU en contraception d’urgence…). J’insiste, rien à faire. Il me considère vraiment comme une gamine qui ne sait rien, il s’énerve, je m’énerve. Je sors de là en pleurant, et je prends un norlevo, plus tard que ce que j’aurais pu faire si j’avais su qu’il refuserait.

Ensuite, des appels. Aux gynécos du coin. Pas un.e seul.e qui pose des DIU à des nullipares, et pas question de retourner à la clinique. Sur Internet, je trouve un annuaire de sage-femmes d’Île-de-France, avec leurs spécialités. J’en choisis une un peu au hasard, en orthogénie. Je me déplace sur Paris, elle accepte enfin de me le poser. Je suis tranquille pour cinq ans. Si je n’avais pas été aussi déterminée, je n’aurais pas mon DIU aujourd’hui. Je me suis retrouvée plusieurs fois à pleurer de rage face à mon incapacité à faire bouger ces gynécos qui sont là comme des blocs de granit. Illes s’en foutent, la décision ne pèse pas sur elleux.

Ce n’est pas leur problème que j’oublie ma pilule tout le temps. Je n’ai qu’à être responsable. C’est une habitude à prendre. La pilule, c’est simple. Je ne sais pas ce qui est le mieux pour moi. J’ai souffert à la pose du DIU, mais je le referai sans hésitation, parce que c’est ce que je veux, c’est ça qui me convient.

Pour combien de temps encore les gynécologues vont-illes rester assis.e.s sur leurs certitudes, et décider à la place de leurs patientes, en les prenant au passage pour des idiotes à qui on ne peut décemment pas laisser la moindre décision ?

Mathilde

Illu DIU - DISPOSITIF INTRA UTERIN - BD

Illustration par Flore Balthazar
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