Elle a dit «  je t’ai attendue 38 ans…».

Elle s’est agenouillée dans la rue en criant : « messieurs dames, je l’aime ».

Elle m’a demandé ma main…

On se parlait sur facebook depuis peu et on s‘est donné rendez vous pour pique-niquer. Elle m’a parlé de sa femme, de son enfant, moi du mien… et puis quand il a fallu se dire au revoir on a eu mal, une douleur assommante et imprévue.

Et nos vies ont changé.

Elle a dit : « je ne te ferai jamais de mal, ceux qui t’en ont fait j’ai envie de les tuer ».

Elle a dit à ma mère : « faites moi confiance je l’aime tant ».

Elle a dit à sa fille : « c’est ta belle-maman ».

On se disait que les autres ne comprenaient pas, que ce n’était ni de la passion ni sa crise de la quarantaine mais juste l’amour vrai. On devait sûrement tout faire pour s’en convaincre…

Je ne respirais plus qu’elle… je ne voyais plus qu’elle… à en oublier les autres, à les bousiller aussi. Le cœur, la raison tout ça…

Elle a dit : « je m’en fiche d’où et comment on vit je pourrais dormir n’importe où tant que je suis avec toi ».

Elle a dit : « arrête de faire la forte tout le temps, pose l’armure. Avec moi tu ne risques rien ».

J’ai tout posé à terre. Pour la première fois de ma vie. J’ai laissé ma peau, mon cœur, mon âme à nu et j’ai enfermé la peur à double tour dans la boîte qu’elle avait fabriquée avec tout cet amour.

J’ai oublié la honte, la crainte, la retenue, la demi-mesure… je croyais être légère enfin.

J’étais juste soudée à elle.

Et elle était soudée à moi.

Moins d’un an… et elle est partie. Parce que le feu brûle et qu’elle avait déjà assez eu la peau à vif.

Sa peur à elle n’avait pas été enfermée à double tour.

Elle m’a passé un lacet en cuir autour du poignet.

Elle a dit : « tu es à moi ».

Et elle est partie.

Elle a dit : « il le faut ».

Elle a retrouvé sa famille et repris sa vie. Elle m’a effacée. N’a plus jamais donné signe de vie.

Un amour comme ça dévaste tout. Par sa force, par son excès.

C’est à vivre une fois dans sa vie, pas davantage. Jamais je ne souhaiterai le revivre.

Car cet amour-là, il brûle tout sur son passage.

Mais est ce que la passion est vraiment de l’amour… ?

Depuis, j’ai ré-ouvert la boîte, j’ai remis l’armure, je me suis rhabillée de mes peurs et douleurs mais aussi de tout ce que cette histoire m’a appris. Je ne regrette rien. Mais je ne recommencerai pas.

La prochaine fois j’aimerai, l’autre mais je m’aimerai aussi.

X.