Faire son coming out auprès de ses oncles, éduqués sur un modèle espagnol ultra machiste et patriarcal, via son père, ok ce n’était pas très courageux.

Deux jours après, le texto de ma mère arrive ! Ok pour deux d’entre eux et ils attendent la réponse pour les autres et ma grand-mère (qui a cru que mon père lui faisait une blague). Ah bon ? Ils ont vraiment besoin d’y réfléchir ? Pourquoi ? C’est simple de dire oui ou non.

Non ? En réalité, j’espérais simplement qu’ils répondent tous « mais oui bien sûr, aucun problème on sera la ! »

Triste réalité, ils ont besoin d’un temps de réflexion. Mon cœur se rétrécit, comme si une  main le serrait, le pressait. Ça me noue la gorge. Ça monte aux yeux, cette douleur. Et puis d’un coup j’ai peur. J’ai peur de leur réponse. J’ai peur d’être jugée. J’ai  peur qu’ils ne comprennent pas.

Et mon père, qu’a t-il répondu aux « pourquoi ? » J’ai peur qu’il parle de « choix » alors que  ce n’en est pas un, c’est comme ça, ça n’est pas ma faute.

Et enfin, j’ai un peu honte aussi… d’être ce que je suis, et que mon père ait eu à assumer  mon coming out à ma place, de lui avoir refilé la vilaine tâche de répondre aux questions personnelles me concernant. J’ai honte pour mon père qu’il ait a expliquer que sa fille est homo à sa famille… je n’avais pas eu honte depuis des années.

Alors j’appelle ma mère pour avoir un peu plus de précisions. Qui a dit quoi ? C’était la surprise générale, me dit-elle. L’un d’entre eux a même demandé « mais elle est sûre que c’est la bonne ? ». Sur quoi je rétorque que quand il s’est marié, savait-il qu’il allait divorcer quinze ans après ? Ça m’agace, j’ai surtout l’impression qu’ils se demandent si c’est définitif, si un jour je ne vais pas redevenir  « normale ». Comment penser autrement quand on l’a entendu si souvent cette réflexion de la part de ses amies les plus proches.

Et puis, un email d’un de mes oncles arrive ! Je regarde l’intitulé : Félicitations. Ouf, je suis soulagée ! Enfin…J’ouvre l’email et lis noir sur blanc que même si il fait partie de cette génération qui pense que + et – se connectent mieux, si j’y trouve mon compte alors il sera heureux de partager ce moment avec moi. Hein????? Hmmm… gros moment d’hésitation. À chaud, j’ai envie de lui répondre « tu sais il y aura plein de militantes à mon mariage alors autant rester chez toi ! » Je me dis que ce n’est pas possible, serait-il donc foncièrement contre ? Je ne sais pas… il veut venir quand même. Il se réjouit pour moi. Il essaie peut-être de faire un pas vers moi, vers nous. C’est peut-être les prémisses d’une tolérance enfouie sous cet égo de mâle latin. Donc, je ne réponds pas… pas maintenant.

Je ne sais pas s’ils répondront tous présents mais si c’est le cas ce qui est certain c’est qu’il me faudra un bon makeup water-proof car je vais passer ma soirée à chouiner tellement je serai émue ! Et puis pour les questions que mon coming out à fait surgir, eh bien la seule chose importante à savoir au final c’est que je vais me marier à un être exceptionnel, qui me rend heureuse et que j’aime. Cet être est une femme et ce n’est pas une faute !

R.

Illu ELLE EST SÛRE QUE C'EST LA BONNE ?

Illustration par Léo