D’ordre psychologique mais non-organique, le vaginisme est une contraction involontaire des muscles péri-vaginaux qui interdit toute pénétration vaginale. Une vive douleur peut se produire lors de tentatives de pénétrations. Le vaginisme est dit primaire lorsqu’il débute avec la vie sexuelle de la femme.

Ma première véritable petite amie souffrait de vaginisme primaire. Nous ignorions alors tous les deux ce terme. Nous étions en phase d’expérimentations sexuelles et il nous a fallu très peu de temps pour nous rendre compte que seule la pénétration vaginale posait problème. Nous pratiquions tous les autres rapports sexuels sans aucune appréhension ou gêne particulière. Après de nombreuses tentatives infructueuses de pénétration vaginale, nous avons progressivement développé une sexualité de plaisir sans cet acte. Il nous est apparu que nous ne résoudrions peut-être pas ce problème seuls, sans l’aide d’un sexologue. Cependant, comme nos autres pratiques nous faisaient momentanément oublier cette complication, l’un comme l’autre avons fini par toujours faire reculer le moment de consulter. Je dois avouer que je n’avais pas envie de me confronter à une thérapie sexuelle de couple, par appréhension sans doute, sans compter que notre jeune âge nous donnait le faux espoir qu’un “déclic” se produirait tout seul. Je ne crois pas qu’elle ait consultée seule, ou alors secrètement et, en tous cas, sans résultat. À l’époque, internet n’existait pas et il était donc plus difficile de se renseigner par soi-même sur les causes du vaginisme. Parmi celles-ci  (peur de tomber enceinte, trouble de l’identité sexuelle, refus de la sexualité…), il y a l’agression sexuelle ou l’abus (ou tentatives). Je suis persuadé que ce n’était heureusement pas son cas.

Une des difficultés du vaginisme est l’établissement d’un cercle vicieux où la prévision de douleurs lors de tentatives de rapports vaginaux et les moyens mis en œuvre pour les éviter aboutissent à un sentiment de culpabilité chez la femme.

Nous n’avons jamais trouvé de solution ensemble et nous nous sommes séparés après quelques années. Le problème de vaginisme n’était pas la cause de cette séparation (l’origine en était plutôt une véritable incompatibilité de caractère). Elle a ensuite eu une autre relation plus longue sans pour autant, je crois, résoudre ce problème. Nous nous étions dit que, si elle arrivait à vaincre ce blocage, nous nous verrions pour faire l’amour avec cette pénétration « classique », même sans être en couple. Ce moment n’est jamais venu mais peut-être a-t-elle réussie à se soigner…

P.

Illustration par Juliette

Illustration par Juliette