Il n’y pas de fatalité.

Je ne me reconnaissais plus, la crise identitaire n’est pas un mythe, c’est une réalité.

Je me suis métamorphosée en l’espace de deux ans. Je la sens en moi, cette métamorphose. C’est un sentiment étrange et puissant. Jouissif, agréable. Je vais vers l’inconnu, mais je sais que je vais vers la lumière, vers l’épanouissement. Je me sens de mieux en mieux, je sais que j’ai mué, que j’ai quitté la peau de mon ancien moi.

Moi avant, c’etait une jeune fille aux cheveux très longs, minaudant et jouant avec les hommes. Instable, ne sachant dire oui, ne sachant dire non. Totalement paumée et inhumaine car fuyant l’ouverture aux autres, fuyant mon humanité.

Et puis, la mort fait irruption dans ma vie : un de mes meilleurs amis se suicide. Alors tout s’enchaine, une relation, une fausse-couche, puis un avortement. Une rupture fracassante et traumatisante. Mais aussi certainement un désir qui couvait depuis longtemps d’en finir avec mon moi paumé.

Ces évènements ont été les révélateurs, les déclencheurs de ma métamorphose.

J’ai coupé mes cheveux tout courts ; pour la première fois je me fichais de ne pas être la féminité-type, de ne pas être jolie, je voulais juste être moi, que ça plaise ou non. Je me suis mise à m’affirmer davantage, à dire ce que je pensais réellement, à prendre parti en public, à construire mon identité, tout simplement. Mon corps a changé parce que je me suis mise à assumer ma façon d’être, de me mouvoir, de m’habiller, à assumer de renvoyer une image de moi. J’ai laché cette pression insoutenable qui m’empechait d’etre humaine depuis tant d’années, cette pression qui m’obligeait à vouloir être la plus jolie, la plus désirable, la plus parfaite. J’etais un personnage, mais moi je n’existais pas. Je me suis métamorphosée, je suis devenue un peu plus moi.

Il n’y pas de fatalité.

Julie

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Illustration par Onee