Pendant que ma mère et ma grand mère discutaient, on allait à l’étage dans sa chambre que j’admirais. Je l’admirais ma tante, son caractère, ses airs un peu prétentieux, je la trouvais chiante mais j’aimais passer du temps avec, car pour moi à 17 ans on savait tout.
On passait du temps ensemble à jouer à des histoires pas croyables, à se masser le dos parce que c’était juste trop cool, à manger du nutella caché sous son lit.
Bref.
J’étais sa fille et nous étions une famille pauvre, le père était mort et on étaient seules à lutter contre la misère. Mais pour gagner de l’argent la fille, donc moi, devait se prostituer pour ramener de l’argent à sa mère.
Jamais je n’aurais pensé qu’en jouant à ça que je me retrouverais nue avec ma tante nue aussi dans son lit et sous sa couette.
Jamais je n’aurais imaginer qu’elle me demanderais de lui toucher les seins, de les masser, pendant que ses mains glissaient sur moi.
Et aujourd’hui c’est très lourd car les rapports avec ma tante sont “normaux”, on s’entend bien, elle me rend parfois des services, etc.
Comme si rien..rien.. n’était arrivé.Avec une situation actuelle comme celle-ci je me suis longtemps demandé si je ne l’avais pas inventé. Mais non les souvenirs sont bels et bien là, les larmes là et la culpabilité aussi.
Et avec du recul j’ai peur.
…
Peur d’avoir enfreint le côté moral car j’ai peur d’avoir aimé ces moments.
Le doute est là sans cesse, je lui en veux de m’avoir fait ça, je ne lui dirai jamais car je ne veux pas détruire ma famille. Je lui en veux d’avoir influencé ma sexualité aujourd’hui. Je lui en veux de faire bonne figure devant sa mère alors qu’elle a caressé mon corps nue avant que ma sexualité ne se réveille.
Mais je me tais parce que c’est plus facile, parce que ça éviter de bousculer une famille et que remettre en question le plaisir qui était peut être présent est dérangeant et perturbant.
Courage à toi…
Que tu aies eu du plaisir ne signifie pas que tu dois en culpabiliser. C’est un des autres aspcts possibles du viol, te mettre dans une situation paradoxale et destructrice entre ton ressenti par rapport au viol et le plaisir que parfois, certaines personnes y prennent. Tu es écartelée entre le traumatisme du viol de ton intégrité et le fait que ton corps ait pu apprécier d’être caressé alors qu’il était à la veille de s’éveiller à la sexualité. Ca culpabilise, forcément. Si tu as apprécié ne serait-ce qu’un peu un viol, ça remet en question qui tu es. Alors que tu n’as rien fait de mal, le corps est fait pour pouvoir jouir, ça ne se controle pas toujours, même au cours d’un viol et surtout quand on ne comprend pas totalement ce qui se passe.
On m’aurait violé en me masturbant à 12 ans (je n’avais pas encore découvert par moi-même la masturbation), il y aurait eu sans doute plus d’une chance sur deux pour que j’y prenne du plaisir, les sensations sexuelles sont si intenses quand on les découvre que mon corps aurait sans doute eu du mal à ne pas trouver cet aspect du viol incroyable. Ca ne justifie en rien le viol et ne diminue pas sa violence. C’est même encore pire, ça viole une pureté et ça détraque qqchose qui est normalement plus sain et simple. Et ca t’a instillé un sentiment de culpabilité qui te ronge.
Tu n’as rien à te reprocher pourtant.
De mon côté, je pense qu’il vaut mieux que tu en parles que tu fasses ressortir l’affaire, mais ce n’est pas à moi de te conseiller de le faire, c’est une façon de voir globale qui m’est personnelle. nJe peux te conseiller le film festen (cest anecdotique) et pêut-etre d’aller consulter un psy (plus important) pour en parler en profondeur avec qqun. Tu devras déjà prendre conscience que si ton corps y a pris du plaisir, c’est qqchose qui n’est pas du tout répréhensible, que tu ne dois pas en culpabiliser mais bien te rendre compte que c’est un facteur aggravant du viol que tu as subi.
La décision d’abimer, peut-etre, ta famille en mettant ce viol au grand jour est une décision qui te reviendra par la suite. Dans un premier temps, je pense que la meilleure chose à faire est le psy et l’opération de déculpabilisation (qui va de pair avec la compréhension que le fait de t’avoir instillé ces doutes sur toi est un facteur démultipliant de la gravité du viol subi).
” Et aujourd’hui c’est très lourd car les rapports avec ma tante sont « normaux », on s’entend bien, elle me rend parfois des services, etc.
Comme si rien..rien.. n’était arrivé. ”
=> le plus important et le plus urgent est d’en parler avec la tante, doucement, intelligemment, pour l’amener à comprendre que ces gestes et situations, créées à son initiative, ont eu des conséquences graves dans ton développement ultérieur. En particulier par la souffrance induite, avec la perte d’une partie de ton innocence, par le trouble qu’elle a suscité entre la tentation d’accepter un plaisir physique et la contrainte morale d’enfreindre un interdit.
Essaie de capter son attention, de lui parler, c’est vraiment une question entre elle et toi. Le reste de la famille n’a pas à savoir, sauf si elle s’est attaquée à d’autres membres de la famille.
Parle-lui avec l’intelligence du coeur, dis lui ta souffrance.
Pas de bla bla bla! La honte n’est pas de ton côté…..Tu n’es pas coupable, basta!
En matière de sexualité….On peut aimer des trucs bizarres car il ne faut pas confondre “ordre moral” et “expérience personnel” sinon, tu risques de ne rien comprendre!
Ensuite, n’imite pas ta tante et ça ira….