Je n’en avais jamais rencontrés et je ne voulais pas en voir. J’ai depuis longtemps une certaine méfiance vis-à-vis des gens en blouse blanche et l’idée de me déshabiller et d’écarter les jambes devant l’un.e d’entre elleux me semblait insupportable. De plus, ayant eu ma première relation hétérosexuelle assez tard, je n’avais jamais jugé urgent de me faire prescrire une contraception.

Quand j’ai eu une relation avec quelqu’un qui avait réussi à m’imposer le sans-capote, ce qui devait arriver arriva et malgré nos précautions foireuses, au bout de cinq mois, je suis tombée enceinte.

S’en est suivi un parcours fatiguant pour obtenir mon avortement. J’ai cependant eu la chance d’atterrir dans un endroit plein de gens bienveillants qui m’ont traitée avec respect et douceur. J’ai eu de la chance, parce que j’aurais pu vivre un nombre impressionnant d’expériences désagréables : de la condescendance, du mépris et des examens médicaux qui m’auraient été contraints malgré mon non-consentement. D’autant qu’à l’époque, je ne savais pas ce qui était normal ou non, ni quels étaient mes droits.

L’échographie, la consultation médicale et l’interruption de ma grossesse n’ont pas été faciles à vivre, mais l’attitude des praticien.ne.s a été telle que j’en tire un souvenir positif. On m’a mis un DIU au cuivre lors de l’intervention, que j’ai expulsé quelques mois plus tard.

Je suis retournée voir le gynécologue quelques jours après et j’étais anxieuse. La pose de mon premier stérilet avait été sans douleur aucune (rapport au fait que j’étais bien shootée par l’anesthésie de l’IVG), mais j’avais entendu dire qu’une pose en cabinet faisait mal. Le médecin m’a écoutée, il m’a donné des antalgiques et on a pu essayer la pose de DIU deuxième du nom dans la foulée. Il m’a dit que si ca n’allait pas, on pouvait arrêter, et lors de la pose, malgré sa concentration sur le geste, il restait attentif à mon ressenti et mes réactions (ce qui, je réalise, doit être plus difficile que de poser un DIU de manière apathique). J’ai eu un tout petit peu mal.

Il m’a dit ensuite que c’était la première fois qu’il réussissait à poser un DIU sans pinces. Ça ne voulait pas dire grand chose dans mon esprit à l’époque, mais apparemment avec le geste classique, on utilise des pinces qui causent plus de douleurs. Ne pas les utiliser rend le geste moins facile pour le/la praticien.ne.e mais aussi moins douloureux pour la patiente.

Je suis repartie sereine et même pleine d’espoir. De constater que les bons praticiens existent, que les femmes n’ont pas à subir le sexisme du corps médical. Que des médecins jeunes et moins jeunes ne prennent rien pour acquis et continuent d’apprendre comment traiter leurs patientes avec plus d’empathie.

 
 
@OndineD