Audio : Céline

Ce soir j’ouvre mon cœur, que dis-je, mon ventre, mon âme. Je suis encore dans le brouillard. Mon histoire est récente, elle est même très fraiche. J’ai passé deux ans avec un homme. Un pervers narcissique. Je m’en suis rendu compte trop tard.

Je ne sais pas par où commencer… Par la première fois où il m’a demandé de supprimer tou-te-s mes ami-e-s facebook. Ou alors quand je me maquillais et que j’étais donc une pute.
Ou quand je devais passer ma pause déjeuner au téléphone avec lui pour qu’il soit sûr que je ne sois avec personne d’autre. Les fois où il m’humiliait en publique en disant que j’étais tordue, que je faisais la belle auprès des autres… Que rien de ce que je faisais n’était assez bien, pas assez belle finalement, pas assez intelligente, ou trop conne pour ne pas avoir réussi mes études, trop gâtée par mes parents etc… il m’a détruite. Il m’a pris mon énergie, ma vie, mon sourire. Je me croyais en sa possession. Je me pensais en sécurité au creux de ses bras, et en fait non. J’étais sa proie. Son objet de valeur qu’il montrait au monde, comme étant « sa petite chérie » mais a quel prix ? Je croyais avoir de la valeur, je croyais être une chose rare à ses yeux… J’étais rien, rien du tout. Je l’ai su il y a une semaine, quand il m’a trainée dans la boue. Quand il m’a harcelée. Qu’il a crocheté ma serrure. Quand il est venu devant mon lieu de travail pour me parler, pour m’humilier devant mes collègues. Quand il m’appelle mille fois par jour. Quand il est invivable, alternant insultes et mots d’amour… Quand il retourne tout en disant que tout est de ma faute. Aujourd’hui, j’ai envie de vomir, de vomir sur notre histoire. Sur lui, sur moi, d’y avoir trop cru, d’avoir cru pouvoir le changer, d’avoir cru qu’il pourrait me faire du bien, qu’il me protégerait, qu’il serait là pour moi. Mais non, car même la fois où j’ai eu besoin de lui, il n’a pas été capable de venir me chercher au travail alors que j’étais au plus mal. Une personne qui t’aime viendrait te chercher a l’autre bout du monde. Lui non… Lui il avait besoin de moi, tout le temps ; mais je pouvais pas lui demander de l’aide moi. Je me sentais mal au quotidien, oppressée, agressive… Il m’a séparée de tout le monde, de mes ami-e-s, de ma famille. Cette relation m’a bouffée de l’intérieur, m’a pris toute la vie, toute l’espoir que j’avais en la vie, toute la confiance que j’avais dans le corps…

Aujourd’hui je suis loin de lui, protégée, j’ai mis toutes mes chances de mon coté. Je ne veux plus, plus de lui, plus de nous, plus de tout ça. Plus de scène de jalousie, plus d’oppression. Plus personne ne me fera de mal, plus personne ne m’obligera jamais à rien. Même par amour. Parce que par amour tu respectes la personne avec qui tu es, et tu la protèges. Aujourd’hui je suis dégoutée de l’amour, des rapports hommes/femmes. Je ne vois plus les hommes que comme des rapaces, et moi comme un bout de viande.

J’ai un trou dans le cœur, et dans le ventre. Merci à toi J. tu m’as bien pourrie jusqu’au bout. Tu m’as trouvée paumée et j’ai cru en toi comme je crois au soleil, et toi m’as prise pour poupée facile à manipuler. Et quand j’y repense, tu m’as même pris ma fierté. Cette fierté de merde que j’ai. Je me suis tue quand j’ai su que tu me trompais. J’avais honte, honte de dire que j’étais une meuf cocue. Alors j’ai menacé, j’ai pleuré, j’ai hurlé, j’ai espionné, au point d’en planter mes études car aller au cyber café c’est mieux que d’aller en cours de stylisme… pour que tu me dises que tu m’aimes, qu’elle n’etait qu’une distraction, que c’etait plus fort que toi… et j’acceptais, en me disant qu’au pire j’étais celle qui dormait avec toi, et que je pouvais bien accepter ça. Mais non putain. Tu me devais le respect, juste parce que moi j’étais droite, j’étais là pour toi, à excuser tous tes comportements, à excuser tous tes mots de travers, à te couvrir, même devant les flics putains. J’ai menti aux flics pour toi ! Je me suis mise en danger, à de nombreuses reprises pour assouvir tes besoins de dangers, de vitesse et d’adrénaline… tu m’aurais demandé de me jeter par amour, je l’aurai fait. Parce que je t’aimais, putain ce que je t’aimais. Sûrement plus que moi-même.

Mais tu as échoué, cher J, j’ai tourné la tête, et j’ai vu les bras de mes amis tendus vers moi. Et j’ai couru. Tu m’as laissé une brèche et je me suis engouffrée dedans sans perdre une seconde. Aujourd’hui tu n’as plus le contrôle ni sur moi, ni sur ma vie. Tu tentes juste en vain de me rendre folle. Tes sms et tes appels m’affaiblissent, ta présence derrière chacun de mes pas me donne froid dans le dos. J’aimerais mourir juste pour t’échapper, juste pour être tranquille à vie. Mais au lieu de ça, je te combats, je prends les armes que tu n’as pas : le courage, la loi et la froideur. Je vous ignore, toi, ta médiocrité et ta faiblesse de mec amer de la vie ; toi et ton univers de loser. Tu avais tout, tu avais une femme qui t’aurais donné la lune si tu l’avais voulu. Je t’ai donné mille chances de me prouver que tu étais vraiment celui qu’il me fallait. Trop tard tu as échoué, je m’en vais.

Je suis même déjà loin. Merci, grâce à toi, maintenant je saurai reconnaître les personnes de ton acabit. Mais sache une chose, tu seras puni et en attendant je te vomis.

 

B.

Illu JE TE VOMIS - HD

 Illustration par Flore Balthazar
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