Je ne suis rien qu’une femme,
Pas de place pour mes rêves,
Bouillonnante est mon âme,
Mais je ne peux faire grève,
Des tâches que l’on m’a assignées,
De l’éducation de ma lignée.
Je voudrais parcourir le monde,
On me dit de me teindre en blonde.
Je voudrais faire la révolution,
On me dit bonne pour la copulation.
Je voudrais libérer mes forces créatrices,
On ne voit que le potentiel de ma matrice.
Ma femme sauvage se meurt,
Laisse place au destructeur,
Mes énergies s’étiolent,
Mes désirs s’envolent,
Je perds mon allégresse,
Je prémature ma vieillesse.
Je ne peux plus supporter,
De vivre par eux éclairée.
Ma lumière je veux la porter,
Ou même, dans le noir, errer,
Trouver ma voie à tâtons,
Ou finir dans un puits sans fond.
Mes sœurs, mes sœurs,
Ne voyez-vous rien venir ?
Que ces régressions qui font peur,
Que cette absence d’avenir.
Je ne suis rien qu’une femme,
En passe de perdre sa flamme.
LABUC

Photographie d’un bâtiment gris sur lequel il est écrit en lettres blanches “DESTROY”. Le ciel est marron clair. Au premier plan, devant tout cela, un grillage.
Illustration par Carolyne Missdigriz
https://missdigriz.com