Sur une plate-forme de réseau social très connu j’ai rencontré le prédateur que je nommerai le pervers mythomane. Rédacteur en chef d’un webzine militant orienté à gauche, dénonciateur de toutes les émanations de l’extrême droite, j’ai été happée par l’humanisme de ses écrits. C’est inlassablement et invariablement le même scénario pour toutes ses proies. Je ne suis hélas pas la seule à avoir été abusée par cet homme. J’étais seule et isolée. Une proie facile. Comme toutes mes sœurs qui ont croisé son chemin.

Cela commence toujours par un échange à propos de ses écrits. Et puis, il se place en oreille attentive, vous écoute. Il débute en posant ses cartes, dévoile son cadre, vous parle de sa vie à Cap Breton, à Mont de Marsan selon d’autres versions, de sa fille qu’il élève seul. Il vous envoie des photos de lui, de sa maison, de sa fille. “Tu as ouvert une brèche dans mon cœur” qu’il vous chante. Vous rentrez dans la confidence lorsqu’il vous fait découvrir A., le début de son roman. Dès qu’il a votre confiance vous allez rentrer dans l’intime. Il veut vivre avec vous, Il veut des photos de vous, il veut voir vos bras dénudés. Le pervers mythomane et son obsession des photos, il en veut toujours plus ! Vous vous laissez faire, vous êtes séduite, rien de mauvais ne peut émaner d’un homme qui milite et lutte pour des idées à valeurs si humaines. Et il vous fait croire que vous êtes l’unique ! Si unique !

Vous voilà dans les griffes du pervers, prise au piège, votre intimité est violée, vous êtes violée ! Toute la confiance accordée à cet humaniste de pacotille vole en éclat. Il va vous briser. Mais vous ne le savez pas encore… Vous êtes prête à tout quitter, votre job, votre vie pour le rejoindre. Vos projets communs sont constamment reculés. Il fait des travaux pour préparer votre emménagement. Ou alors, il est en mission à l’étranger dans l’humanitaire, pour sauver le monde. Et lorsque vous ouvrez les yeux sur la supercherie, il est presque trop tard. Votre entourage, vos collègues étaient prêts pour votre départ. Vous revenez tête baissée de vous être faite avoir. Vous avez risqué de perdre votre vie, il vous manque seulement votre dignité. Tout chez lui n’est que mensonge, il vit avec la même femme depuis 15 ans, sa fille n’est pas la sienne, mais celle de sa compagne.

Chaque fois que je croise le partage d’un de ses articles sur mon fil d’actualité, c’est la même colère qui ressort. Plus jamais ça, plus jamais tu ne nuiras à mes semblables !

Camille

Photographie d’une femme dans un intérieur dans lequel on aperçoit des rideaux colorés et des fauteuils avec appuie-tête dont l’un devant un miroir. Elle porte un genre de béret gris sur le crâne et un masque noir et banc au visage déformé.

Illustration par Carolyne Missdigriz
https://missdigriz.com