L’histoire de mes viols, ou comment le système patriarcal transforme un viol en acte d’amour.
J’avais 15 ans quand je l’ai rencontré. Je suis restée deux ans avec lui avant d’avoir la force de le quitter, bien qu’ayant fait de nombreuses tentatives.
Il était mon prince charmant et moi j’étais sa princesse. Il était le plus beau et le plus fort. Et en plus, il me donnait l’impression de ne pas être seule (ça allait mal avec ma classe à l’école et il n’y avait qu’une classe dans mon année, l’école étant petite).
Il se voyait comme le prince charmant, beau et ravageur, que plein de filles voulaient. Il cherchait sa petite princesse, douce et innocente, avec qui il aurait son happy end. Et beaucoup d’enfants, bien sûr.
Moi, j’ai été séduite par sa vision, son happy end. Tout en lui promettait de finir comme dans un Disney. J’avais la tête farcie de plein d’histoires d’amour. De l’Amour, du vrai, de l’unique. Je croyais même en l’âme sœur (j’avais effectivement lu Twilight). Et je me suis glissée très rapidement dans le rôle de la fille douce, timide et innocente, puisque c’était comme ça dans les Disney et que ce devait être la condition sine qua non pour avoir mon happy end. Bien peu de choses en vérité, d’être seulement une partie de moi, puisque ça me permettrait d’être heureuse toute ma vie. J’avais même effacé de ma mémoire que j’avais embrassé un garçon avant lui (je m’en suis rappelé il y a quelques mois).
On a mis six mois avant de sortir ensemble. Il fallait que je lui laisse le temps de ne plus penser du tout à son ex qu’il venait de quitter (et qui faisait partie de ma classe et de mon cercle d’« amis »). Sortir avec lui m’a mise à dos avec presque toute ma classe, mais ça en valait la peine, il m’aimait, je l’aimais, et on s’aimerait jusqu’à la fin des temps.
Toujours est-il que le début de notre relation (la vraie, quand on a commencé à s’embrasser, bien que je n’avais jamais rien fait de plus qu’un kiss, que je n’avais aucune idée de comment faire, et que j’avais tellement peur de mal faire) n’a pas du tout débuté comme je l’espérais. Il s’est d’emblée montré tyrannique, annulait un rendez-vous ou arrivait avec des heures de retard juste comme ça (jusqu’à quatre ou cinq heures de retard). Et lorsqu’il annulait, c’était toujours une heure après l’heure à laquelle on était censé se voir. Au lieu de casser, je me suis dit que je l’aimais et qu’il m’aimait, et ça devait être vrai, puisqu’il me le disait souvent. Quand on se voyait, il me reprochait de ne pas l’embrasser, de ne pas lui faire de câlin. Mais moi, j’avais trop peur de mal faire, j’étais trop intimidée par lui et sa connaissance des relations (et puis, il ne prenait jamais l’initiative non plus). Ça a duré environ cinq mois.
Pendant cette période, on s’est rapprochés physiquement, mais très lentement.
Ensuite, nous sommes partis en vacances, chacun de notre côté, et on ne s’est plus vus durant cinq semaines. À son retour, il s’est complètement transformé. Il est devenu attentionné, il arrivait presque à l’heure. Et à l’école nous passions nos midis ensemble, c’est même lui qui l’avait proposé.
Depuis le début, il s’est montré assez possessif à mon égard, il n’a jamais supporté que j’adresse la parole à un garçon autre que lui, son frère et son père (ou mon frère et mon père). Sa jalousie était telle que lorsqu’un jour j’ai reçu un message extrêmement agressif d’une fille que je ne connaissais pas et qui me disait que « si j’arrêtais pas de tourner autour de son mec, elle allait me casser la gueule », il a cru que je tournais autour d’un mec et m’a fait une crise de jalousie extrêmement violente. Cela ne faisait que trois mois que nous étions ensemble, à ce moment-là. Mais j’étais déjà dans un engrenage dont je ne pouvais me sortir.
Après les vacances d’été donc, il a commencé à m’enfermer dans une bulle où il n’existait que nous deux. Il m’envoyait des textos tout le temps et il lui était insupportable que je ne lui réponde pas dans les dix minutes, même lorsque j’étais en interro. J’avais pris l’habitude de le prévenir que j’étais en interro et que du coup, je ne pouvais pas lui répondre aussi vite que d’habitude.
Le moment où il est devenu plus attentionné avec moi coïncide avec le moment où on a commencé peu à peu les préliminaires. Pour ma part, je me sentais mal depuis le début de la relation car « je voulais le remercier de son amour en lui donnant ma virginité » (comme quoi, les Disney, c’est un véritable ramassis d’immondices patriarcales, ainsi que les romans à l’eau de rose dont toutes les ados sont friandes). Je me sentais mal parce que cela faisait des mois qu’il me rendait heureuse et que je n’avais toujours pas pu remercier mon Prince Charmant comme il se devait. Je n’étais pas en adéquation avec ce que la société m’avait appris.
Notre première fois a fini par arriver (c’était aussi sa première fois). À ce moment-là, ça devait faire à peu près neuf mois que nous étions ensemble. Nous avions dormi une fois ensemble avant, et comme il avait très peur que quelqu’un nous entende, même pendant les préliminaires, il mettait toujours un film ou de la musique. La fois où on a dormi ensemble pour la première fois, il a mis le dessin animé Moi, moche et méchant. Et perso, je ne peux pas m’empêcher de regarder ce qui se passe à l’écran. C’est plus fort que moi. Et il a été très vexé que je regarde l’écran. Bref, une semaine plus tard, on dort de nouveau ensemble. Et il y a notre première fois, que j’attendais avec une ferveur incroyable. Je croyais que ce serait une apothéose, quelque chose de magnifique qui ne se vivait qu’une seule fois dans la vie. Eh bien, j’ai juste eu mal du début à la fin. Ça a été tellement douloureux qu’après, mes jambes et mon corps ont tremblé pendant presque une heure. Et moi, toujours dans mon délire « je l’ai eu en moi, c’est trop merveilleux », j’ai voulu refaire l’amour. Ça n’a pas été moins douloureux et mon corps a de nouveau tremblé comme une feuille après.
Après ça, je n’ai plus eu envie de faire l’amour, même si je continuais à lui dire que c’était le plus beau jour de ma vie (il le voyait ainsi et je ne pouvais pas penser autrement, puisqu’il avait tout fait pour le rendre merveilleux, et que même si j’avais eu très mal, c’était inconcevable que ce ne soit pas merveilleux). Lui voulait faire l’amour, « parce qu’il n’y a que comme ça qu’on va s’améliorer et que ça deviendra bien ». Moi je n’en avais pas envie, je ne ressentais rien, je ne mouillais pas. Alors, on a utilisé du lubrifiant. « Je pouvais quand même penser à nous et à comment ce sera bien une fois qu’on aura l’habitude. » Le problème, c’est que j’avais toujours aussi peu de sensations. Et ça a duré des
mois. Je le laissais faire, faisais comme je pouvais. Il me reprochait de ne pas réagir, alors qu’il savait bien que je ne sentais rien. « Je n’avais qu’à faire semblant. » Et le jour où j’ai essayé de faire semblant pour lui faire plaisir, il m’a rembarrée avec un cinglant « arrête de faire semblant, ça fait pitié ». Il a aussi commencé à me demander de m’habiller avec des vêtements sexy et du maquillage pour qu’il soit excité, il fallait bien que je comprenne « que ce n’était pas gai pour lui de faire l’amour avec un sac de viande sans sensations ». Il a aussi utilisé l’expression « sac de farine ». Alors je l’ai fait. Pendant des mois, je me suis déguisée en ce qu’il traitait de pute pour les autres filles. Pour qu’il ait envie de moi. J’étais plus que jamais seule à l’école et il était mon seul soutien. Avec lui, je n’étais pas seule aux récréations ni pendant les temps de midi. Je n’avais pas d’ami-e-s à qui raconter tout ça, personne pour me soutenir. Et comme à l’école ça allait mal, je suis restée avec lui. Tout plutôt que d’être seule. J’ai essayé de casser alors que ça faisait environ quinze mois. Mais je n’ai pas réussi. Il était dans un état incroyable quand je lui ai annoncé que je voulais casser. « C’était pas possible, il faisait tout pour me rendre heureuse, il m’avait offert une bague pour mon anniversaire et il n’offrait une bague qu’à la femme de sa vie », etc. Au point de se jeter à genoux par terre et de frapper le macadam avec son poing.
Puis, juste avant les vacances d’été, ça s’est arrangé en ce qui concerne le sexe. Même si souvent je trouvais qu’on passait plus de temps à faire l’amour qu’à faire autre chose quand on se voyait. Lui me disait « allez, moi j’en ai envie… », et je cédais. Je voulais lui faire plaisir. Il était mon Prince Charmant, après tout.
Je n’ai jamais fait l’amour ou eu des préliminaires comme j’en avais envie. Je faisais tout comme il le voulait, essayant de prévenir ses désirs pour qu’il ne s’énerve pas parce que je ne faisais pas comme il le voulait ou le pensait dans sa tête. C’était comme ça aussi pour tout le reste. Quand il était là, je m’efforçais de répondre aux autres en fonction de lui et de ce que je pensais qu’il aurait voulu que je dise. Et à chaque fois que je ne le faisais pas, tout d’un coup il devenait très froid, ne m’adressait plus la parole et ne me regardait plus. Puis, dès qu’on était en privé, il explosait de colère. Ses colères me faisaient peur au point que même quand il n’était pas là, j’ai fini par agir et répondre comme il le souhaitait, y compris en famille.
À la maison, c’était devenu invivable. Ma mère et moi étions systématiquement en crise. Moi je voulais qu’elle me laisse faire ma vie et elle essayait de me faire retrouver ma personnalité. Je n’étais plus que l’ombre de moi-même. Mon caractère était devenu très instable et je m’énervais contre mon frère dès qu’il m’adressait la parole ou parlait à table. Lors de certaines disputes avec mon ex, j’ai aussi fait des petites crises de nerfs, celles-ci pouvant durer jusqu’à trois quarts d’heure.
À la rentrée, j’ai décidé de changer d’école, je n’en pouvais plus de la mienne. Et ma mère a directement fait les démarches pour m’inscrire dans une nouvelle école. Lorsque je lui ai appris que je changeais d’école, il est devenu furieux, a tapé dans la porte, dans le mur, et moi qui devais partir, il m’a suivie en partant, me demandant de ne pas changer d’école, il m’a arrêtée. Comme je lui répétais que c’était trop tard, il s’est jeté au sol, a crié, frappé le sol de son poing plusieurs fois. J’ai cru à ce moment-là qu’il allait me frapper. Et je crois que s’il m’avait frappée, je ne l’aurais quand même pas quitté. C’était impensable pour moi de le quitter. Je ne pouvais pas l’envisager. Jusqu’à ce que j’arrive à un moment de rupture, d’étouffement tel que mon instinct de survie revenait et je tentais de le quitter. Mais c’était à chaque fois le même cinéma, il pleurait, me disait qu’il avait compris ses erreurs, qu’à présent il serait parfait, je vivrais une vie de rêve avec lui si je restais. Et je cédais à chaque fois, sa douleur me brisait véritablement le cœur. Je ne supportais pas de le voir souffrir ainsi.
Une fois que j’ai changé d’école, j’ai pu souffler un peu. Il m’envoyait toujours autant de textos, sinon plus, mais au moins je ne le voyais plus à l’école, et je m’étais fait des amies. Je n’étais plus seule, enfin. Même si fondamentalement, rien n’avait changé entre lui et moi, avoir des amies m’a donné la force de ne pas me rétracter lorsque pour la dernière fois j’ai voulu le quitter.
Nous étions arrivés à un moment de véritable crise. Depuis le début, il diabolisait ma mère, me montait contre elle à la moindre occasion. Peu avant nos deux ans, il était devenu plus possessif et jaloux que jamais, au point de m’empêcher de pouvoir faire quoi que ce soit pour mes cours. Et mes parents avaient pris la décision de lui parler pour le recadrer. Mais il avait monté un plan : leur faire entendre raison pour qu’on puisse se voir plus souvent parce qu’on en avait besoin, mais pour cela, il avait besoin que je n’exprime qu’une seule chose, dire à mes parents que j’étais d’accord avec lui et pas avec eux. Or ce n’était pas vrai, j’étais d’accord avec mes parents (j’ai été terriblement soulagée quand ils m’ont dit qu’ils allaient lui parler) et pas avec lui. Bien que je n’aie pas osé lui dire que je n’étais pas d’accord avec lui, puisque tout de même, nous étions un couple, on avait besoin de se voir, et il fallait que je le soutienne dans son combat. Je lui ai dit que je dirais que j’étais d’accord avec ce que mes parents diraient et avec ce que lui dirait. Et il s’est entêté de plus en plus, jusqu’à me demander de choisir entre ma mère et lui. Dans sa tête, ma mère était la seule méchante et mon père était le gentil. Il espérait d’ailleurs le retourner contre ma mère. Donc il m’a demandé de faire un choix. Et j’ai refusé. J’ai tenté de casser, mais j’ai de nouveau cédé. Mais quand il m’avait appelée ce soir-là, il m’a redemandé si je le soutiendrais à 100 % contre mes parents. Et là, j’ai trouvé la force de casser définitivement. Je passe l’histoire de comment il a essayé de me convaincre de ne pas casser, je vais juste préciser qu’il a demandé à sa famille de me convaincre de ne pas casser et que par dépit il s’est cogné la tête contre un mur au point d’avoir un œuf de pigeon sur le front.
Le pire, c’est que pendant les semaines qui ont suivi, j’ai cru vivre en plein cauchemar. Et la seule chose qui a réussi à me tenir debout, c’est la haine pour tout ce qu’il m’avait fait. Cette haine est encore en moi. Mais ce qui est encore plus présent et marqué dans ma chair, c’est ma peur de lui. Récemment j’ai regardé une vidéo qui montrait un entraînement où une femme apprend à réagir contre un homme qui pourrait la violer. Regarder cette vidéo m’a fait revivre tout ce que j’ai ressenti avec lui. À la fin de la vidéo, j’avais le souffle heurté et j’étais paniquée. Et encore aujourd’hui, quand je le croise, j’ai peur.
Je suis assez rapidement sortie avec u
n autre garçon, pas violent celui-là. J’ai de nouveau couché sans en avoir vraiment envie. Mais mon but était de me réapproprier mon corps, me prouver que je pouvais le faire avec qui je voulais, que je pouvais plaire à quelqu’un d’autre. Mon ex avec un tel contrôle sur ma personne qu’il me faisait une crise quand j’allais chez le coiffeur pour couper les pointes abîmées de mes cheveux. Mon premier acte de réappropriation de moi a été de couper mes cheveux jusqu’aux épaules. Je suis toujours en train de me réapproprier mon corps, bien qu’en ce qui concerne le sexe, je l’aie reconquis. Pendant deux ans, j’ai coupé mes cheveux de plus en plus courts. Cela fait maintenant deux ans et demi et je ne supporte toujours pas de voir mes cheveux repousser de quelques millimètres. J’irais chez le coiffeur toutes les trois semaines si je le pouvais. Mes cheveux sont maintenant très courts et me vont très bien, je les aime beaucoup. Mais je ne les porte pas juste comme un défi aux hommes (je fais ce que je veux et j’emmerde les cheveux longs), je les porte pour me réapproprier mon corps.
J’ai écrit ce texte tout d’abord pour moi, pour me permettre d’évacuer, de raconter ce que j’ai vécu. Mais surtout, parce que même si dans le féminisme on parle du viol conjugal, peu de témoignages ressemblent au mien. Mon ex ne m’a jamais prise de force, il me faisait céder par du chantage. Or c’est un viol aussi. J’ai ce besoin de voir, de vérifier que c’est bien un viol, parce que même si la théorie le dit, je n’ai trouvé aucune expérience comme la mienne. Aujourd’hui encore, je me dis que peut-être je me monte la tête. Mais mettre par écrit m’a permis de me prouver que c’était bien un viol. Et j’espère que ce témoignage en aidera d’autres.
Car oui, j’ai quand même ressenti du plaisir et oui j’ai souvent eu envie de lui. À chaque fois que je n’avais pas envie de faire l’amour, il me faisait céder par le chantage. Mais là aussi, j’ai quand même ressenti du plaisir. Cela ne change rien au viol et à l’emprise psychique qu’il avait sur moi, ça ne l’a pas empêché de me détruire. Mais je passe au travers, petit à petit. Ma fierté, c’est de pouvoir m’habiller comme j’en ai envie, de choisir la coupe de cheveux dont j’ai envie. Mais surtout, ma réussite dans mes études et dans ma vie amoureuse, que je vis comme je l’entends. Même si ça m’a pris deux ans pour ça. Même si aujourd’hui, j’ai toujours peur de lui et je suis encore incapable de lui adresser la parole. Je cherche des solutions, je parle à mon compagnon, je lis énormément sur le sujet. Un jour, je serai débarrassée de son emprise.
Klara
Bon courage et heureuse que tu aies réussi à te libérer de lui…
Oui c est bien du viol Klara, tu as repris possession de ton corps, tu peux etre fiere de ta force et ton courage, ce putain de patriarcat en a leurré plus d une, mais toi, moi et les autres on est là pour lui faire face. Merci de ton témoignage.
Ton témoignage est touchant et en fait, non seulement il y a eu ces viols, mais en plus tu étais manifestement victime d’un pervers narcissique. Toutes les caractéristiques sont là. Le fait que tu ais réussie, seule, à t’en débarrasser, montre que tu as du caractère et beaucoup de courage.
Merci beaucoup, vous me touchez énormément. Publier cette histoire fait partie de ma guérison. Pouvoir mettre ça par écrit, raconter tout ça, revivre pour mieux exorciser… Ce que j’ai vécu n’est pas honteux, c’est ce qu’il m’a fait qui l’est, et le système patriarcal. C’est pour ça que j’ai décidé de publier ça.
Klara, juste pour te dire que ce sont bien des viols, et que j’ai vécu plus ou moins la même chose.
Bon courage pour la suite.
C’est là que se trouve le “happy end”, même si c’est plutôt celui d’un film de zombies que d’un disney. Tu as été forte et tu as été soutenue par tes parents, ils ont vraiment pris soin de toi. Je te recommande le livre de Marie-France Hirigoyen, Femmes sous emprise. Ce livre t’aidera à voir à quel point chaque situation, chaque violence, n’a jamais dépendu de toi ou du contexte, mais seulement de ce plan, toujours le même, que ces salauds utilisent pour nous briser. Car ça ne se voit pas, mais nous sommes innombrables. Bon courage dans ta reconstruction.
Merci pour la référence, je vais me renseigner là-dessus. Je sais qu’il aurait agi de la même façon avec n’importe qui. D’ailleurs je suis persuadée qu’il le fait. J’espère qu’un jour il sera puni pour tout ça. Moi je n’ai pas de preuve matérielle à apporter, donc je ne peux rien faire (à part témoigner le jour où quelqu’un décide d’aller en justice). Je commence à me battre pour que ça n’arrive pas à d’autres filles/femmes. C’est ma contribution et mon pied-de-nez à mon passé.
Merci d’avoir écrit tout ça. Oui, convaincre, faire du chantage, harceler pour obtenir ce que l’on veut, et bien quand ce qu’on obtient c’est un rapport sexuel, alors c’est un viol. Cela m’est arrivé aussi, deux fois, avec le même garçon. Je suis toujours avec ce garçon, parce que je crois qu’il a agi comme la société le lui dictait, et qu’il a bien senti lui-même qu’il y avait un problème. Quand on a en reparlé, bien après, et que du bout du lèvre, j’ai prononcé le mot viol, il n’a pas nié. Il a dit “Je sais”, et il a éclaté en sanglots. Nos cas sont peut-être un peu différents, mais aucun des deux n’aurait dû se produire. Il faut éduquer les hommes, à ne pas forcer, et les femmes, à pouvoir identifier les moments où on fait quelque chose sous la pression. Tout ça est embrouillé, mais ce que je voulais dire, c’est : merci pour ton témoignage.
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