C’était il y a trois ans, j’avais 27 ans. En couple depuis quatre ans, nous habitions ensemble depuis deux ans. Super appart’, travail stable et situation très correcte pour nous deux, on aurait pu se dire que…  mais non, aucune envie de.
L’IVG comme une évidence, pas une seule seconde d’hésitation.
Un long parcours de la combattante, un rendez-vous, puis deux, puis trois. Téléphone. Ici, c’est complet, là aussi. Une gynéco peu délicate, un deuxième. Des prises de sang, des échographies. Des kilomètres à faire. Des gens peu aimables, qui vous font comprendre que franchement, vous auriez pu faire attention, et quand même, vous pourriez le garder. Et vous êtes bien sûre de vous quand même ?
Et mes seins pas loin d’imploser. Cette odeur de cigarette insupportable. Cette prison.
Un comprimé, puis deux autres deux jours plus tard. Des douleurs, des contractions, du sang, du sang, du sang. Des douleurs.
Visite de contrôle dix jours plus tard. Utérus vide.
Liberté. Liberté retrouvée.
Je ne me suis jamais sentie aussi libre qu’en sortant de cette visite de contrôle.
Liberté. Liberté chérie.

 

B.

Dessin au feutre et crayon noir : une vague s’apprête à submerger par derrière une femme nue aux longs cheveux bruns qui la retient avec son dos, bras en arrière. Partant de sa poitrine, une ligne noire et une ligne bleue dessinent les mots “tout va bien…”

Illustration par N.O.