Marcher. Seul, à deux, à plusieurs. Sur un chemin accidenté, sur une pente, au bord du précipice. Là où est la difficulté. Fermer les yeux, sentir sa respiration. Se concentrer sur la marche, sur le sol que l’on sent au travers de la semelle, sur l’effort qui travaille chacun de nos muscles. C’est dur, ça fait mal, ça fait du bien. Ouvrir les yeux, regarder droit devant, rester dans le vague. Le souffle court, les jambes qui tirent, la chaleur de l’effort. Y aller, droit devant, malgré le sentier escarpé, malgré la fatigue. Arriver, s’arrêter, contempler. Le corps se relâche, l’effort a porté. S’asseoir, s’allonger, profiter de cette sensation unique. Le paysage est dégagé, la vue est magnifique, il fait beau. Très beau. Fermer les yeux, s’endormir. Nous y sommes, c’est fugace. Il faudra bien repartir. Mais pas tout de suite. Pour l’instant, le monde s’éteint. Je suis seul, nous sommes seuls, nous sommes bien.
S.

Photo : Au premier plan, le faît d’une montagne, étroit et sinueux. Au deuxième plan et à perte de vue un paysage montagneux entièrement recouvert de végétation.
Illustration par Émilie Pinsan