L’enfant a peur. Elle ne se réveille pas. Elle dort depuis deux heures. Elle lui a dit : « Je vais me reposer, joue un peu, je fais une sieste. Quand tu en as marre, tu viens me réveiller. » Sauf qu’elle n’arrive pas à se réveiller, elle n’entend rien. Elle a l’air morte.

L’enfant a peur. Elle ne se réveille pas. Il est seul dans cette maison qui lui paraît soudain si grande. Il ne sait pas quoi faire. Personne ne peut lui venir en aide. Il tente de lui arracher la couette, elle ne réagit pas. Il la bouscule, elle gémit. Elle n’est pas morte.

L’enfant a peur. Maman dort toujours depuis trop longtemps, il se sent si seul. La nuit va tomber, il le sent. Et cette maman qui ne fait que dormir. Il ne veut pas qu’elle meure. C’est la bière qui la rend comme ça.

L’enfant ne peut plus attendre, il va chercher de l’aide chez Max le voisin. Toc toc. La porte s’ouvre. « Maman, elle dort, elle se réveille plus, on dirait qu’elle est morte. » Max a l’habitude. Max sait que maman boit trop. Max ne juge pas. Max vient en aide.

Il entre, guidé par l’enfant. La mère entrouvre ses yeux rougis par les pleurs, Max est là devant elle. Un monceau de canettes sur la table de chevet.
« Oh je suis réveillée, merci. » Elle sort une main de dessous la couette, elle sert fort la main de Max. « Merci… »

Elle se lève, avec peine. Tout son corps n’est que douleur. Son âme est une poubelle. Coupable, coupable, à mettre au bûcher. Elle se déteste, elle serre l’enfant contre elle :
« Pardon mon fils, pardon, tu as eu très peur, je suis désolée. »

Charlotte

Illustration par Allium.

Illustration par Allium.