MIROIR, mon beau miroir…

Un miroir, un désespoir… Une vision nue de moi-même… Et dans ma tête, les océans se déchaînent.
Un peu trop ici… Toujours trop par là… Partout.
Une vision faussée et tout est dévasté.

Un jour, une carotte… et beaucoup d’hyperactivité.
Mais je n’obtiens toujours rien de parfait.
Devant le miroir, juste moi, une fille assombrie par le noir.
Les yeux éteints, le pâle teint emprisonne un petit bout de femme reniée vivant cachée. Au fond d’un corps bombardé, assailli, je savais que ce que je faisais me détruirait… physiquement, mentalement.

Lentement, la mort pointait son nez. Un chiffre sur la balance, une dégringolade morbide. Mais toujours rien à avaler, même pas une pomme. Rien. Je ne mangerai rien.
Obsédée, déchaînée intérieurement… Je ne voyais plus rien, ou au contraire je voyais tout, tout ce qui grossissait à mes yeux.

Des amis pour m’aider ? J’en avais, mais je ne voulais pas attraper les perches qu’ils me tendaient. Je n’étais pas malade, pas addict à la non-alimentation. Ça non !

Devant le miroir, j’y reste jusque tard le soir. Sous mon lit, je cache la balance. Chaque jour, j’y grimpe. Et chaque jour ça baisse… ça baisse. Je ne vois rien de beau et je vois toujours tout en gros. Je perds tous mes repères. Et c’est la peau sur les os que je me tiens là debout face à moi-même. Le regard vide. Les traits tirés. Je me sens morte dans un corps que je déteste. Je reste là, figée devant ce miroir. Gardant en moi l’espoir qu’un jour, la femme qui m’habite prenne le dessus et m’offre la vie à temps plein.

Un miroir, mon espoir…

Léna, 25 ans, femme en vie.

Photo : Au fond on distingue des dessins sur un mur, des herbes folles. Sur ce mur est posé un miroir brisé. Il reflète des jambes, pantalon jaune et bottes noires qui semblent esquisser un pas.

Illustration par Émilie Pinsan.