J’étais en train de vivre ma vie, d’essayer de gérer pas mal de trucs, de trouver qu’il faisait froid.
J’ai dû aller à l’hôpital plusieurs fois dernièrement.
Et j’ai commencé un boulot exigeant, passionnant, qui fait carburer ma mémoire vive, mais que je n’arrive pas à poser, parce que je n’ai pas de zone de calme. Ni dans ma tête, ni dans ma vie.
On est cinq à la maison. Y’a pas la place. Y’a pas assez d’eau chaude. Je n’ai même pas de bureau. Et puis je dois composer avec le bordel que vit la personne qui dort dans mon lit. C’est difficile.
Tout ça, c’est difficile.
Mais c’est la vie.
C’est ma vie.
J’étais en train de vivre ma vie.
J’étais en train de gérer des choses compliquées, mais dans un pays où ça m’a juste coûté 50 balles de me faire hospitaliser plusieurs fois, où je peux bosser alors que je n’ai jamais la tête de l’emploi, et où j’ai une maison, pleine de gens marrants.
J’étais en mouvement.
Je m’agitais dans mon bocal.
En rouspétant de temps en temps.
Et puis j’ai entendu un bruit.
J’ai levé la tête et délaissé mes petites activités.
Ça a pris un moment.
Il a fallu que ça monte au cerveau.
Et tout s’est figé, mon bocal a explosé.
Maintenant je ne bouge plus.
Je ne sais pas où aller.
Tan
(9 janvier 2015 – ère Charlie)
Illustration par N.O.