Je sors du boulot et j’ai plein de cartons sous le bras parce que je déménage (ouais, une fois de plus) et qu’il faut que je mette mes affaires dans des cartons. C’est juste à côté de la gare et il fait gris.
Il y a une fille assise sur un rebord de mur.
Il y a un type à deux centimètres d’elle. Il est debout. Il lui hurle dessus et il l’insulte. En pleine rue. Sale pute, tout le monde sait que t’es qu’une sale pute, ils t’ont tous vue, connasse, je vais te défoncer si tu continues, tu vas voir, on va t’enculer, tout le monde sait que t’es partie avec lui samedi, sale pute.
La fille baisse la tête. De temps en temps elle dit deux trois mots vite couverts par l’avalanche d’ordures qui sortent de la bouche du type.
Je m’arrête à trois mètres d’eux sur le trottoir et je regarde ce qui se passe. Il ne s’arrête pas d’insulter la fille. Je me dis que c’est une situation complètement abusée, qu’il faut que je réagisse, est-ce que je réagis maintenant, est-ce que j’attends de voir s’il la tape ? Des gens passent à côté sans un regard. J’ai le temps de réfléchir dix secondes à ce que je veux faire et à si je peux le faire en les regardant et en écoutant le flot d’insultes qu’elle se prend dans la gueule. Je suis seule, j’ai les bras pleins de cartons, un vélo à la main, et pas de copines avec moi.
Le mec arrive vers moi. “Et toi qu’est-ce que t’as à mater là ? Casse-toi connasse sale pute”.
Je lui réponds qu’il est en train d’avoir un comportement que j’aime pas, qu’il est en train de pourrir une meuf en public, que c’est hyper violent, qu’il faut qu’il cesse.
Il s’approche de moi, super près. T’es qui pour me parler comme ça ? Sale pute. Va te faire enculer. Casse-toi connasse. Sale pute.
Il y a des gens qui passent à côté, ils regardent par terre.
Je suis une meuf et t’es en train de faire violence à une meuf. Je regarde la meuf et je lui demande si elle a besoin d’aide. Elle me dit non, elle me dit de partir, elle gère, non, ça va, t’inquiète.
Il me dit tu sais qui c’est cette meuf, cette meuf c’est une pute, elle a pas besoin qu’on la défende, c’est une salope, et toi sale gouine, pourquoi tu la défends ? T’sais, elle aime les hommes elle, elle va jamais te mettre des doigts, pourquoi tu la défends ? Tu la défends parce que tu veux qu’elle t’encule ? Sale gouine, prends tes cartons et rentre chez toi, sale pute va. Sale gouine. Tu crois qu’elle va vouloir coucher avec toi cette meuf ? Elle aime les hommes sale pute, sale gouine, va te faire enculer, t’es qui pour venir me parler comme ça sale pute, connasse, salope ? T’es qu’une gouine ! Il se rapproche de moi, je descends de vélo, j’ai le coeur qui bat super fort, je me demande si je dois le taper ou pas, s’il va me taper, putain s’il me tape je vais perdre mes lunettes j’y verrai que dalle, je mets mon vélo entre lui et moi, je continue à parler pour le distraire, pour que la meuf puisse se barrer si elle a envie, j’ai un couteau dans ma poche, si je le sors il va sûrement sortir une lame aussi, si je continue à lui répondre il va me défoncer, mais je peux pas laisser faire ça, j’ai peur, pourquoi personne intervient, la meuf a même pas l’air d’avoir envie de se casser, je sais pas si elle chiale ou si elle se marre, elle doit se foutre de ma gueule en fait, pourquoi elle se laisse faire comme ça, respire,
– Et toi t’es qui ?
– Moi ? J’suis une fourmilière au milieu de 36 millions de fourmis ! (Véridique, il a vraiment dit ça.)
– Ah ouais ? Et alors ça justifie que tu lui parles comme ça à cette meuf ?
La meuf me regarde, elle me dit que ça va, elle me dit de me casser, je tremble, je sais pas quoi faire, le type s’est un peu éloigné de moi, il recommence à lui parler en m’insultant de temps en temps, je tremble et je sais pas du tout quoi faire. Du coup je reprends mon vélo et je me casse.
Vingt mètres plus loin il y a un type qui était passé à côté pendant la scène et qui me dit “Faut faire attention Mademoiselle, ce type c’est un dealer”. Je suis sciée, j’essaie de lui parler pendant que mon coeur fait n’importe quoi et que je mate par derrière si l’autre taré est pas en train de me courir après. Non mais vous vous rendez compte ? Il faudrait qu’elle se fasse tabasser devant vous pour que vous réagissiez ? Vous êtes passé juste à côté et vous avez laissé deux personnes se faire insulter en regardant vos pieds ? Vous ne pouviez pas intervenir ?
– Ouais mais c’est un dealer. Faut faire attention.
– Et alors ? Je m’en fous que ce soit un dealer. Il a pas à se comporter comme ça, c’est tout. Et personne ne lève le petit doigt pour mettre un terme à la situation. C’est dégueulasse.
– Allez bonne soirée Mademoiselle, et faites attention à vous hein.
Ouais c’est ça je vais faire attention à moi.
Scarlett
<monde de merde> 2013, !pyon!
dans ce genre de cas, dialoguer avec ce genre de connard ne sert a rien, un bon coup de spray de bombe au poivre ou un coup de pied dans les couilles suffisent largement a calmer leurs ardeurs. La plus part de ces gens ne savent qu’aboyer fort et compte surtout sur le faite de vous impressionner par un déluge d’insultes pour “vous maintenir en position de soumission”. L’important ç’est de frapper (ou réagir) le 1er pour avoir le dessus psychologiquement sur eux…. (et ç’est pas un conseil à la con, j’en parle par experience)
Ps: Dealer ou pas, un Connard reste un Connard
Bien Amicalement,
Lenore