Ni écervelée, ni sans cœur… Et pourtant par deux fois, j’ai dû avoir recours à une IVG chirurgicale.
Ce n’est pas moi qui ai été inattentive à 20 ans : une rencontre alors que j’avais arrêté la pilule temporairement (quand on peut éviter de la gober tous les soirs…) suite à la rupture avec mon précédent petit ami – “T’inquiète pas ! Je me retiendrai…”. Je lui en ai voulu, un peu… Il a fait ce qu’il a pu, a voulu m’accompagner dans mes démarches mais sa présence, comme ma situation, m’étaient insupportables. J’ai suivi toutes les étapes du parcours et suis sortie libre et soulagée de l’hôpital, me jurant qu’on ne m’y reprendrait jamais.
Huit ans plus tard, suite à une chimiothérapie, les médecins jugent que mon compagnon risque d’être stérile, peut-être juste temporairement mais au moins pour quelques mois. En prévision de cette stérilité annoncée, il lui avait même été recommandé avant le traitement de mettre des spermatozoïdes de côté. Je fumais encore. Voyant une occasion de faire une pause avec la pilule, nous ré-interrogeons les médecins sur cette possibilité de pause. Cela apparaît comme une bonne idée… Pourtant, je suis tombée enceinte. Nous avions vécu une période difficile de lutte contre le cancer et ne nous sentions pas prêts à avoir un enfant. Nous n’avons rencontré aucun problème pour l’IVG chirurgicale.
Neuf mois après, mon compagnon entrait en chambre stérile pour clore le protocole de soin de la récidive de son cancer. Je n’aurais sûrement pas pu mener cette grossesse et accompagner l’homme que j’aime dans ce combat. Je n’ai jamais eu aucun regret. J’ai aujourd’hui 43 ans. Et oui nous sommes plutôt bien accordés et fertiles puisque contre toute attente nous avons eu trois enfants …librement.
Les parcours et les histoires sont différents mais ce droit nous concerne toutes et tous.
Julie
Illustration par Sophie.