La violence ne nous a jamais quittés.
De notre rencontre à ton départ brutal au bout d’une corde, 19 ans plus tard. Les insultes, les humiliations, les viols, les coups, la peur tout le temps, puis tes chantages au suicide, mes fractures, mes brûlures de cigarette, ma chosification. Le couteau sous la gorge, mes vêtements en feu, mon “au secours”, merci au vis-à-vis, l’appel de la voisine, les flics, mon visage en sang, mon fils qui se réveille : “papa t’a fait du mal”, le flic : “vous devez porter plainte, la prochaine fois cela sera plus grave”, SOS psy, le médecin chef du SAMU : “chère consœur, il n’est pas suicidaire il veut juste vous faire chier !”. Les vacances seule avec les enfants, toi à Paris, le harcèlement, les insultes, les objectifs inatteignables que tu me demandais d’atteindre, toi étant seul juge partial, et contre moi. “Écris-moi une plus jolie lettre d’amour” ; “je me suis inscrit sur un site de rencontres, retrouve-moi.” Ta jalousie maladive, tes vérifications de mes mails, de mes appels, de mes déplacements, géolocalisation en permanence ; des humiliations et des insultes.
Puis des retours à la normalité, une reprise des discussions sur la responsabilité de chacun dans l’échec de notre couple. Nos pardons. Puis le calme, un mois magique dans cette maison que nous venions d’acheter, les meilleures vacances de notre vie, avec plein de potes, la rivière, la piscine, les bons repas, les belles bouteilles, la pétanque… Aucune violence, des discussions apaisées, des solutions à chaque problème, des projets de photo ensemble, invitations déjà lancées pour les prochaines vacances et de se marier l’été prochain dans cette belle maison où nous nous étions retrouvés enfin un couple heureux et équilibré, sans que tu essaies de me diminuer ou de m’humilier, un retour à une relation saine qui n’a en fait jamais existé pendant un mois d’août dans le Gard. La fin des vacances, l’arrêt de la clope, l’angoisse qui monte, les problèmes de société avec les chantages affectifs que tu subissais de ta famille pour que tu fasses de fausses factures, ta folie qui revient pour un même couteau utilisé pour le beurre et la confiture : “Même ça, t’es tellement une merde que tu n’es pas capable de le respecter.” En me hurlant dessus et en levant ta main sur moi devant nos enfants qui ne comprennent pas : “Papa, elle a rien fait maman, c’est qu’un couteau.”
Ta sieste et ton réveil en furie, nous trois jouant dans la piscine et toi hurlant aux enfants : “Vous savez ce qu’elle a fait maman ? Elle est allée chercher un nouveau papa.” Je sors et t’éloigne des enfants : ” Je ne leur dis pas que toi tu es allé chercher une nouvelle maman quand j’étais enceinte. Ils n’ont rien à voir là dedans, ce sont nos histoires d’adultes.” Tu me jettes à terre et t’assieds sur moi : “Espèce de grosse pute” et tes yeux haineux et tes poings qui s’abattent sur moi. Et la peur, cette coulée d’acide en moi.
Les invités arrivent, tu es redevenu l’homme que j’ai toujours aimé, cette beauté, cette élégance, cette gentillesse, cette intelligence, ce talentueux photographe que tu étais. Nous avons ri, nous avons été complices. Puis ils sont repartis et tu es redevenu insultant et violent. J’ai eu peur pour ma vie, j’ai eu peur pour les enfants. Tu as embrassé les petits et tu es parti, j’ai pensé que tu étais allé chercher des cigarettes pour te calmer, puisque nous avions arrêté de fumer la veille, ou boire un verre en ville ; je n’osais pas sortir, j’avais trop peur, je suis restée dormir avec les enfants et j’avais peur du moment où tu allais rentrer. Il était 22h et plus le temps passait, plus j’avais peur ; serais-tu encore fou ? Je n’osais pas sortir de la chambre et puis cette coulée d’acide dans mon ventre, j’ai eu peur pour toi, je t’ai cherché partout dans tout le jardin avec la lampe-torche du téléphone. Tous les soirs nous regardions les étoiles.
Je te cherchais, allongé sur l’herbe à 3h du matin. J’étais pétrifiée, j’ai appelé les gendarmes ils sont venus ils t’ont cherché puis ils m’ont éloignée de la maison ils m’ont dit qu’ils t’avaient trouvé mais que je ne pouvais plus rien, je leur ai dit :
Je suis médecin, où est-il je vais le sauver”, ils m’ont bloqué le chemin je me suis écroulée dans les bras de cette gendarmette au regard froid et aux Doc Martens. Je lui ai dit que c’était impossible, nos enfants sont dans la maison, ils ont 6 et 7 ans, il n’a pas fait ça, il n’a pas pu faire ça. J’ai cogné ma tête contre le mur avec toute la violence que je recevais, le sang dégoulinait. La gendarme m’a prise dans ses bras, son œil empli de compassion : “Il va falloir être très forte pour vos enfants.”
La police criminelle, le SAMU, le médecin de garde et son absence d’empathie. Une heure allongée à réfléchir à ce que je vais dire à nos petits princes qui dorment à côté et qui ne savent pas encore que leur vie vient de basculer. L’appel à ma belle-mère qui me rend seule coupable de ton geste. Le réveil des petits, mes pleurs : “Papa avait son petit cœur tellement triste qu’il s’est arrêté, on ne le verra plus jamais.”
Ma famille arrive, je coupe mes cheveux, je déchire mes vêtements, ma vie a basculé dans l’horreur. J’erre, le dos voûté, fumant cigarette sur cigarette, je ne peux plus me nourrir car tu ne le pourras jamais plus alors que tu aimais tant les bons plats. Je n’arrête pas de tomber. La gendarmerie, l’interrogatoire : “Était-il violent ?” Je suis avec ma sœur, lieutenant de police, je réponds oui, ma sœur me regarde, tellement triste : ” Mais pourquoi tu ne l’as pas dit !” Le gendarme : ” Ne cherchez pas plus longtemps Madame, il a retourné sa violence contre lui.”
Le funérarium, mes malaises, ta beauté, ta froideur, les enfants te disant au revoir, ta famille et son œil accusateur. Leur refus de ton désir d’être incinéré. Ta mère : “Son corps nous appartient, il sera enterré comme il est né, juif”. Le retour sur Paris dans la nuit, l’enterrement le lendemain, tous nos amis, même ceux que l’on ne voyait jamais. Le rabbin m’interdit de parler pour lui, je ne suis pas juive, c’est donc sa sœur, qu’il ne voyait que quand elle avait quelque chose à faire réparer ou lors du shabbat chez tes parents qui nous imposaient leur racisme, la bêtise caractérisant ta famille était un supplice pour nous. Le rabbin a donc décrété que celle qui était responsable de ton suicide était celle qui t’avait éloigné de la religion, c’est- à-dire moi !
J’étais coupable, ta maman l’a bien expliqué à nos enfants.
Ptitestance
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courage
Mon Dieu.. Comme si ce que tu avais vécu n’etais pas assez difficile, il faut aussi être tombée sur une famille aussi aveugle et intolérante..
Je t’envois beaucoup de courage, j’espere qu’aujourd’hui tu vas mieux, que tu remonte la pente..
Courage !