J’ai eu envie de vomir en sortant de chez lui.

Lui, un homme d’un certain âge, qui a de l’expérience, qui a fait de longues études. Lui, mon médecin depuis mon plus jeune âge. Ça fait quelques années que j’évite d’y aller ; aujourd’hui, j’ai compris pourquoi je n’irai plus jamais. Je suis entrée dans cette salle, gênée de ce pourquoi je venais, une suspicion de MST. Au lieu de me donner toutes les informations sur la maladie, sur comment la soigner si jamais le résultat est positif, j’ai eu droit à son air dédaigneux et à son jugement. Mais ce n’est pas son rôle, non ! Évidemment, il n’était pas seul, une stagiaire l’accompagnait, il n’a même pas pris la peine de me la présenter. Nous, patient.e.s, venons nous plaindre à l’élite, pourquoi se présenter ?

Au lieu de me prescrire les prises de sang, il me disait : « Si tu avais fait ces vaccins, on n’en serait pas là ! ». Où se trouve le libre-choix, la volonté du/de la patient.e ? Dit-il la même chose à quelqu’un.e qui a un cancer des poumons : « Si vous n’aviez pas fumé, vous n’en seriez pas là ! » ?

Vient alors le moment où je suis censée lui montrer mes parties intimes, mais son discours m’a déjà retournée. Je lui dis que je suis gênée, il parle, vite, de plus en plus vite, sèchement. Il en a vu d’autres, il ne peut rien faire si je ne lui montre pas. À aucun moment il ne change son approche, le tact ne viendra pas, il regarde sa stagiaire comme pour faire comprendre que je lui fais perdre son temps et qu’en plus, il s’est levé pour rien.

Je refuse qu’il m’ausculte, me dis que j’irai voir quelqu’un d’autre. J’ai juste envie de sortir d’ici. Je venais pour me soigner, j’ai été jugée. Comme si lui n’avait jamais rien fait d’idiot dans sa vie, comme si moi, c’était de ma faute. Alors, je sais bien que les médecins sont stressé.e.s, qu’ils/elles voient des centaines de patient.e.s, tou.te.s pas toujours sympathiques… Mais ce matin, nous étions lundi et il n’y avait personne dans la salle d’attente. Ce matin, je n’avais pas besoin qu’on me juge, mais qu’on m’informe pour gérer au mieux la situation

Le contact humain fait partie intégrante de son travail, ce médecin l’a oublié. Il n’entend plus nos maux et n’a plus d’empathie. Ce qui m’énerve le plus, c’est que je ne dois pas être la seule qu’il traite comme un objet. Je ne dois pas être la seule qu’il juge sans pour autant aider au mieux en fonction de ses compétences. Si on ne peut plus aller chez son/sa médecin pour parler de problème de santé, où aller ?

Ce matin, j’ai eu envie de vomir, ce soir je regrette de n’avoir pas su le « remettre en place », je regrette de ne pas lui avoir dit tout ça parce que je ne m’y attendais pas. Parce que je ne comprenais pas son air nonchalant et son discours catégorique. À partir d’aujourd’hui, il ne me verra plus dans son cabinet.

A.R

Illu ON N'EN SERAIT PAS LA - BDIllutration par Alicia
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