J’ai parlé des ses violences. j’ai parlé de mon nez cassé, des traces des ses doigts autour de mon cou, des bleus qui ont recouvert mon corps, de ma lèvre fendue, de mon œil noir pendant plusieurs jours. j’ai parlé de tout ça au juge qui l’a condamné.

Je n’ai rien dit, pour les culottes arrachées, pour son sexe qu’il m’a régulièrement enfoncé au fond de la gorge jusqu’à me faire vomir. Je n’ai rien dit pour les femmes qu’il a ramenées dans notre lit, en me donnant le cachet qui va bien, et puis un peu d’alcool, pour me faire taire. Je n’ai rien dit pour les hommes à qui il m’a offerte, prétextant l’égalité: “j’ai baisé deux femmes, voilà deux mâles pour toi.” Même si ce fantasme, c’était le sien, pas le mien…

Et puis je n’ai rien dit pour cette nuit-là. Il était venu, comme convenu, me chercher après une soirée bien arrosée, trop arrosée. Je ne lui ai pas dit tout ça au juge. Il n’y avait rien a dire. Cet homme, de 18 ans mon aîné, c’est l’homme avec qui j’ai vécu près de 7 ans, l’homme qui a réussi a faire de moi une femme soumise. Il a réussi a me faire croire qu’il n’y avait rien de mal a m’obliger à subir ses assauts quand bon lui semblait.

Quand j’ai été libérée de son emprise, j’ai continué à garder pour moi mon malaise. Et puis, il y a quelques jours, j’ai lu ce témoignage, cette femme qui parlait à son frère du “viol congugal” et j’ai compris. Cet homme, ce jour là, il m’a violée.

Je n’irai pas me battre pour le faire reconnaitre. Aujourd’hui, je me protège, je reste loin de lui, mais moi je sais : j’étais une femme en position de faiblesse et il m’a violée. Mettre un mot sur ce malaise me suffit pour avancer.

Merci.

Lili-th

Illu QUAND POLYVALENCE NOUS AIDE A AVANCER - BD

Illustration par Kaki

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