Hier soir, les soutiens ont essayé de monter un camp pour les hommes, les femmes et les jeunes mineurs à la rue, sous la pluie et à -5 degrés.
Cette semaine, j’ai fait une maraude de thé, ça faisait un moment que je n’étais pas sortie dans les rues rencontrer les gens emmitouflés par groupes de 4 ou 5.
Je sers du thé, je file du pain, on discute.
Les flics leur prennent leur duvet et leur couverture tous les soirs ou presque.
Certains ont fait la queue 3 jours et 3 nuits durant devant le camp légal.
Rien.
Quelques lacrymos.
Quelques insultes.
L’interdiction de se poser à terre, de s’asseoir avec des couvertures.
Un des gars, un Soudanais, en maraude avec moi et ma pote du Baam, repart au camp où il a son lit, la maraude étant finie.
Il a porté pour moi tout du long.
Et voilà que ma pote reçoit son appel.
Il avait 10 minutes de retard.
10 minutes qui l’ont remis à la rue.
Refus de lui laisser l’accès jusqu’à son lit et ses affaires.
10 minutes de retard.
Ma pote appelle le gérant, le mec d’Emmaüs.
Il lui explique qu’il ne bosse pas ce soir, qu’il ne peut rien faire.
Elle lui dit : “Arrête, ça te prend 5 minutes d’appeler les équipes au chaud à l’intérieur pour qu’elles disent au vigile à la porte de laisser entrer le gars, de pas le remettre à la rue par ce froid de ouf.”
Non, vraiment, le mec peut rien faire. C’est trop dur pour lui de faire un geste.
“T’as jamais été en retard toi ? T’as jamais eu un souci de métro ?”
Put*** le mec il servait du thé à des gars glacés sur le bitume.
Il ne faisait pas la java !
Et quand bien même.
NON. Il restera dehors avec les autres s’il n’a pas de solution.
Ma pote l’héberge. Elle peut le faire.
Hier soir, ils ont voulu monter un camp.
Des tentes, des bâches, des duvets, des couvertures.
Une heure après, GAZAGE pour tout le monde.
Flics qui rigolent derrière leur masque et leur matricule caché.
Chiens du gouvernement.
Gouvernement de chiens.
Et encore j’adore mon clebs, ce n’est même pas le bon dénominatif.

 

Mago