Je suis partie si loin
que je ne l’ai pas vécu
que je ne me souviens plus
mais ce n’est pas de la vie en moins

 

C’est inscrit dans mon corps
ça me bloque, ça me tord
une abomination gardée comme un trésor
enfermée à triple tour dans un mémoriel coffre-fort

 

J’ai érigé d’imposants barrages
toujours déviant le moindre éclairage
vers cet instant où pas très sage
j’ai perdu l’innocence de mon âge

 

Je me sentais tellement coupable
c’était ma faute, j’étais un démon du diable
à l’age de raison une dévergondée irraisonnable
sans autre recours, je me suis affichée incapable

 

Mais ma souffrance était si grande
que j’ai cherché à démêler ma psyché
sans faux-semblants, sans tricher
Et là, des bribes de vacances normandes.

 

Il me faut retourner dans le passé
partir à la recherche des sensations
me laisser submerger par les émotions
retrouver coûte que coûte ce que j’ai effacé

 

Pour faire la paix avec moi-même
pouvoir me dire que je m’aime
que la perversion n’était pas mienne
que c’était lui, avec son rire de hyène
que c’était lui le criminel
qui a broyé mes ailes.

 

LABUC

Illu REVIVRE POUR VIVRE ENFIN - BD

Illustration par Emilie