Si j’avais été un garçon, est-ce que tout ceci me serait arrivé ? Est-ce que j’aurais ces cauchemars et ces crises d’angoisse ? Est-ce que des souvenirs seraient aussi imprimés dans ma peau ? Est-ce que j’aurais envie de les effacer en coupant ?
Est-ce qu’à 10 ans, j’aurais été matée par mon grand-père alors que je me lavais avec ma cousine ? Est-ce que j’aurais aussi ri nerveusement, car ignorant quelle attitude prendre ? Est-ce que j’aurais vécu toute mon adolescence dans la peur, celle de ne pas savoir si mon grand-père ou mon oncle tenteraient ou non un geste inapproprié, en plus de leurs remarques ? Est-ce que j’aurais échappé à ce qui a semblé alors être une tentative d’agression sexuelle, vers 10 ans, de la part du fils d’amis de mes parents, qui en avait 8 ans de plus ? Est-ce que j’aurais accordé une aussi grande importance à ma virginité? Est-ce que je m’en serais voulue pendant des années, de n’avoir réussi à dire “non”, lorsqu’à 17 ans on m’a tellement mis la pression alors que je n’étais pas prête, que je me suis laissée faire ? Est-ce que j’en aurais eu des cauchemar s? Est-ce que j’aurais été au bord de la crise de panique en sentant la même odeur dans le métro ? Est-ce que je me serais forcée à faire des choses, me disant “de toute façon, c’est tout ce que tu mérites, sal*pe” ? Est-ce que je m’en serais voulue ensuite ? Est-ce que je serais tombée sur un pervers narcissique, qui m’a démolie psychologiquement pendant trois ans ? Est-ce que j’aurais été violée, en fin de soirée par un plan cul, en plein “black-out” ? Est-ce que j’aurais aussi réussi de justesse à faire en sorte qu’un deuxième mec ne se rajoute pas au truc ? Est-ce que mes cuisses n’auraient été que cendres ensuite, comme mortes ? Est-ce que, convaincue de l’action de l’alcool sur lui, sur son changement de personnalité temporaire, j’aurais aussi continué à voir cette personne ? Est-ce qu’il aurait aussi refusé d’admettre ce qu’il a fait ? Est-ce qu’il aurait aussi voulu mettre mon accusation sur le coup d’une “volonté de victimisation”, de m’ “ériger en victime” ? Est-ce que j’aurais sombré en larmes parfois au moment de coucher avec quelqu’un ? Aurais-je été aussi vide et froide à l’intérieur ?
Choupette