Je suis un homme, je suis fétichiste des pieds et des chaussures de femmes et je suis soumis aux femmes dominantes.

Ce n’est pas un jeu ou un loisir qui serait alimenté par une mode du BDSM. Il s’agit d’une réalité vécue et non fantasmée, au cours d’un cheminement long et sincère. Tout est parti d’une excitation sexuelle ressentie à la vue d’une institutrice de cours élémentaire dans les années 60, qui portait des escarpins à bout pointus et à talons aiguille. L’envie d’être aux pieds d’une femme fine et bien chaussée s’est associée progressivement à l’envie d’être soumis à elle, physiquement et mentalement.

Évidemment, tout ceci est hors norme, un homme subit une pression sociale pour être un leader et pour user de pouvoir. Dans leurs rapports avec les femmes, les hommes affichent volontiers un style dominateur qui leur confère un certain prestige. Dès lors, reconnaître son identité de soumis demande beaucoup d’efforts et de courage. La décision de vivre ma passion de la soumission n’était pas facile à prendre, en l’absence totale de validation externe.

Une fois décidé à vivre sincèrement et concrètement cette soumission, j’ai  travaillé pour me connaitre moi-même et également pour connaître et comprendre la femme dominante que j’étais amené à servir. J’ai appris progressivement l’humilité, c’est-à-dire le désintéressement. En effet, je dois constamment veiller à ce que le cadeau de mon service à ma Maîtresse ne soit pas contaminé par la fierté. Et ceci requiert une grande force mentale, car cela va à l’encontre de ce que l’on nous apprend. Il est très difficile de fournir des efforts sans attendre en retour une récompense telle qu’un remerciement, un sourire, une attention ou de l’affection. J’ai appris et développé l’obéissance qui m’aide à nourrir ma soumission. C’est pour cela que j’ai surtout rencontré des femmes exigeantes qui me donnaient ainsi l’opportunité de leur apporter du plaisir par mon obéissance.

J’ai ainsi beaucoup servi. J’ai fait des courses, des recherches, des études spécifiques, du ménage, tout ce qui pouvait apporter du plaisir à ma Maîtresse en lui épargnant des efforts. Avec celles qui aimaient me dominer physiquement, j’ai reçu des corrections sévères au fouet, à la badine ou à la cravache. J’ai porté des pinces aux tétons durant des heures, un véritable supplice, parce que ma Maîtresse aimait me voir encaisser la douleur pour elle.

Aujourd’hui, je n’ai plus aucun doute sur mon identité. Je suis respectueux de toutes les femmes en général, et soumis profondément à celles qui aiment vivre cette relation avec moi, avec respect et dans la confiance réciproque.

L.S.

Illustration par Astrid