Tu es merveilleux. Tu as créé un univers autour de moi, pour moi, dans lequel je suis en sécurité. Je sais que vu mon état, le polyamour c’est téméraire, voire audacieux, voire complètement inconscient. Je suis là, je gravite avec ma dépression qui me ronge, qui touche parfois les zones de confort entre nous mais tu ne lâches rien, les rayons de ton soleil réchauffent mon cœur quand il fait froid et sombre en moi. Avec toi, avec lui, avec elle, ça va.
Parce que vous êtes des planètes magnifiques, patientes et bienveillantes. Parce que vous ne vous lassez jamais de me dire que je suis une belle personne. Parce que vous me répétez tous ces compliments. Comme une lune fidèle, votre amour révolutionne autour de moi et me révolutionne moi. Dans mon ciel la lumière de vos astres m’aide et m’indique le chemin. Vous êtes mes étoiles du berger.
J’ai pu accomplir ce week-end un acte de foi. J’ai dormi chez elle, ton autre copine, celle avec qui tu passes du temps quand tu n’es pas avec moi, toi le garçon dont je suis très amoureuse. Je ne savais pas comment mon moral allait tourner, j’avais très envie de boire. J’ai demandé à son autre copain de rester avec moi cette nuit mais j’avais peur de me jeter dans ses bras, d’acheter du réconfort avec du sexe, alors que je n’ai pas d’attirance pour lui et aucun sentiment amoureux. Je n’ai pas bu, je n’ai pas séduit ce garçon, on a fumé des spliffs et écouté de la musique. Je n’ai pas été jalouse, je n’ai pas été inquiète. La pensée que vous étiez là, dans la maison, dans la même chambre, dans le même lit, m’a évidemment traversé l’esprit. Ce n’était pas très agréable de s’attarder dessus alors je ne l’ai pas fait. J’ai pensé que j’étais reconnaissante de t’avoir dans ma vie. Que tu as fait de moi le soleil autour duquel ta vie révolutionne. J’étais reconnaissante qu’elle m’ait invitée chez elle pour me rassurer. Que son copain ait organisé sa soirée de façon à pouvoir me soutenir. Je me suis dit que le lendemain, nous serions toi et moi juste tous les deux. Qu’en fait tout le monde m’écoutait et me respectait. J’ai laissé ce sentiment-là prendre le dessus.
J’ai choisi le polyamour et cela m’impressionne, m’effraye parfois, mais c’est aussi une chance inédite et je ne le regrette pas. Il permet à mon histoire avec toi d’exister en parallèle d’un autre partenariat affectif que j’ai et il vous a permis à elle et toi de vous rapprocher. Je sais bien que ceci constitue uniquement une bataille et non la guerre gagnée sur la jalousie, car ce travail devra toujours être remis sur l’ouvrage. Mais cette soirée et cette nuit, ce week-end en général, ont prouvé que ces situations – inédites pour l’ancienne mono que je suis – sont en fait complètement gérables, à condition d’y mettre les formes. Je suis fière de moi. Je suis fière de toi aussi car tu as redouté que dans un moment de détresse, je me rapproche de cet ami avec qui je suis restée cette nuit-là ; mais tu as réussi à me (nous) faire confiance. J’ai l’impression d’avoir traversé l’épreuve du feu et d’en être sortie comme auréolée de gloire. Je suis sur un nuage. J’ai passé une bonne semaine. J’ai passé un super week-end. J’ai l’impression d’être bullet proof. Jusqu’à la prochaine insécurité mais, hey, finalement rien n’est insurmontable.
J’ai confiance en moi, en vous, j’ai laissé couler le temps entre mes doigts, sans le compter, en me réjouissant que vous vous soyez trouvés l’un l’autre. En profitant pleinement du sentiment d’être libre, complètement, mais pas seule : pas libre comme quand on est célibataire. Libre mais pas seule, tout un nouveau monde pour moi. Je suis reconnaissante que nos orbites se croisent. Je suis pleine de gratitude que tu m’aies choisi moi, que tu l’aies choisi elle. Tu colonises de jolies planètes jumelles. Je suis heureuse qu’avec nos spécificités, nos attentes parfois différentes, mais surtout avec le même élan de s’aimer dans le respect de nos libertés individuelles, on arrive à faire ce beau voyage ensemble.
Je suis heureuse que ma dépression soit prise au sérieux. Par vous toustes. Je suis contente de ne pas être moquée. Je suis heureuse qu’on pense à me demander si ça va. Qu’on me prévienne à l’avance. Je suis heureuse qu’on fasse attention à moi. Et je fais attention à vous. Je pense que j’arrive enfin à saisir comment je peux m’installer dans cette galaxie, je pense que je vois quelle est ma place, que je vois tout je que je peux en tirer pour moi, et ce que je peux apporter aux autres. Ça ne sera pas toujours facile mais ça va le devenir de plus en plus. Et les couacs se feront de plus en plus rares. On dit que les astres font une musique inaudible à l’oreille humaine. Mais comme je suis une planète je nous entends chanter, toustes les quatre. C’est très harmonieux. Est ce que vous nous entendez aussi ? La bande son de notre constellation est somptueuse.
Je ne me lasse pas de nous aimer. Nous et notre révolution polyamoureuse.
Crocodile

Dessin numérique d’étoiles noires sur fond blanc. Certaines sont reliées en constellation et à chaque étoile, blanche, est écrit un mot. La phrase constituée dit : “notre constellation est une oasis rassurante”.
Illustration par Crocodile