Il y a autant d’histoires d’amour que de combinaisons possibles entre les êtres qui les écrivent. Si A rencontre B, ça donnera AB mais c’est possible que B rencontre C mais aime toujours A. Du coup, ça donnerait AB + BC et des fois même ça pourrait faire AC + AB ou ABC.
L’amour c’est comme les mathématiques mais en plus doux, en mieux, avec des sensations plus fortes et des fois, des équations qui n’existent pas encore. Qui a dit qu’il fallait forcément être deux maximum pour aimer ? Est-ce que c’est écrit dans les manuels d’histoire-géographie ? Ou peut-être dans les chansons et les poésies ? Non, rien de tout ça. En fait l’amour, ça se transforme comme une vie. Ça change et ça évolue. Ça se donne la “permission de” autant que ça laisse le choix.
Faire le choix. Faire le choix de mener la vie qu’on veut. La vie qu’on aime. Avec les personnes qu’on aime. Quand on décide de dépasser le “1”, on se demande si on va devenir une bête aux tentacules géants. Un truc complètement fou qui ne convient pas à la vie normale. On cherche tous les termes possibles pour se rassurer, se donner bonne conscience, se dire que c’est scientifiquement prouvé, “qu’il y a des études pour ça”. Mais ça ne correspond jamais vraiment. “Ah oui je suis d’accord pour embrasser deux personnes mais je ne suis pas prête à les avoir dans la même pièce.” “Est-ce que je peux coucher avec les deux le même jour ou je dois attendre 24 heures ?” “Quoi, le trouple ça existe ?” “Je me retrouve dans le polyamour mais plus sur le penchant vee*.” On cherche à se rassurer, à trouver des gens “comme nous”, pour être sûre qu’on n’est pas toute seule.
Mais finalement, ce qu’on cherche, c’est à se trouver une bonne excuse pour dire que ça ne sera pas viable ou une justification pour qu’on puisse s’entendre dire “non mais il faut être ouvert hein.” À se dire qu’on est en marge des cadres sociétaux qui nous imposent le modèle 1+1 parce que c’est plus simple, c’est accessible à tout le monde.
Et si on devenait créatif ? Si on se disait que l’amour était une jolie aventure plutôt qu’un gros problème ? Que si les protagonistes sont d’accord devant eux-mêmes avant d’être d’accord devant l’univers et bien c’est ce qui compte ? Que 1+1+1 ça existe aussi tout comme 2+1 voir (1+1)x2 ?
J’ai toujours été nulle en mathématiques malgré mon Bac S. Mais ce que j’ai compris aujourd’hui, c’est que la probabilité que mon équation résolve le problème en donnant la solution est tout aussi possible que la nécessité d’être en accord avec moi-même et mes choix sont grands.
LéMaCa
* “Sur son site More than two, dédié au polyamour, l’écrivain Franklin Veaux, qui vit à Portland avec plusieurs partenaires, propose un glossaire détaillé et assez complet, dans lequel il évoque notamment le vee, qu’on pourrait traduire en français par «relation en v», dans laquelle une personne «centrale» (ou pivot, selon Franklin Veaux) vit une relation amoureuse avec deux personnes, qui n’ont entre elles ni relation sentimentale ni relation sexuelle.” http://www.slate.fr/story/99439/trouple

Photographie: Gros plan d’une plante en foret. Ses feuilles sont vertes et tirent vers le rouge orangé.
Illustration par Émilie Pinsan.