Ils ont attaqué ma ville,
ça ne veut pas dire que la violence d’ici et d’ailleurs ne m’attaquait pas avant,
ne me sautait pas à la gueule, au cœur, au neurones, sans cesse.
Que ce soit plus proche me sidère plus grandement, oui…
Mais ma pensée, ma réflexion, ma nausée,
face au monde qui marche à l’envers, qui massacre,
où la thune et la folie dirigent de nombreux cerveaux,
où beaucoup se foutent de l’autre, de l’humain, à côté ou là-bas,
elles sont présentes en moi depuis que je comprends l’injustice. Longtemps je crois..
Ce soir j’ai mal à l’âme et ça fait longtemps que les gouffres m’assaillent.
Comment se battre ? Comment faire pour changer cette merde.
Par petits bouts car si j’essaie de penser globalement,
je me cogne – je m’écrase – au mur du capitalisme, du pouvoir, des inégalités voulues, décidées, des fausses richesses, de la haine, de la peur.
Alors ce soir, une photo d’une pente enneigée m’a apaisée.
Hier un spectacle intitulé « Des mots sur des maux » m’a touchée.
Ce week-end, faire la fête avec mes amis jusqu’à 6h du mat’, boire, rire, danser, aimer,
oui, ça m’a fait du bien.
Un documentaire sur des potagers solidaires, une bd libertaire,
une révolte d’un petit groupe de personnages dans le roman que je lis,
un message humain d’une personne qui a perdu quelqu’un, les images d’un certain film,
et les sons, la musique que j’ écoute en boucle depuis le 13…
tout ça essaie d’emplir le vide. Tout ça m’a aidée à respirer.
Tout ces petits morceaux repoussent un moment la rage, la tristesse, l’incompréhension, mon sentiment
d’impuissance, tout ce qui m’attaque. Un court moment.
Je crois qu’on est beaucoup à ne plus vouloir de ce monde injuste et absurde.
Certains se bougent dans leur coin, font de petits rien pour que ça change, certains se regroupent, certains luttent, certains s’aident.
Vivre autrement. C’est sans doute naïf, mais vital.
Ça me cloue au sol de lire, de voir, de ressentir, de vivre ce monde qui se pend lui-même.
J’ai de la chance, je le sais. D’être là où je suis, d’être vivante, entre autres…
« Il faut continuer, je ne peux pas continuer, je vais continuer » B.
Alors, continuer, avec tout ça, en résistant, humainement. Libre de ce que je pense et de ce en quoi je crois.
Et réfléchir à quoi faire.
On est quelques-uns, alors un peu d’espoir est là, malgré le marasme ambiant, malgré la violence, malgré le manque de liberté dans nombre de places,
un peu d’espoir, j’espère, présent, ici et maintenant, là-bas et maintenant.
Un millimètre carré d’espoir, j’essaie de respirer avec ça.
C.

Photographie d’un cercle d’arbres en contre-plongée azimutale. Le ciel est gris et certains arbres ont perdu leurs feuilles.
Illustration par Carolyne Digriz