J’étais une jeune fille de 14 ans, un peu perdue et assez inconsciente.
Une adolescente.
Déjà des relations sexuelles avec des garçons, depuis peu.
J’étais assez libre, je pouvais sortir, j’aimais plaire aux garçons.
Je cherchais donc leur compagnie, et je me cherchais aussi.
Puis un jour, ce fut l’accident.
Un week-end en boîte de nuit, j’ai couché sans prendre de précautions.
Je n’étais qu’une gamine.
Une gamine enceinte.
Pensionnaire dans un collège privé.
J’étais très mal, ne sachant quoi faire, et pourtant il fallait bien que j’en parle.
J’en ai parlé à ma mère, nous sommes allées chez notre médecin.
Je me souviens du malaise, de la honte que j’ai ressentie.
Surtout à mon âge.
Coucher, tomber en cloque, diable !
C’était il y a 26 ans.
Alors j’ai menti, j’ai dit qu’on m’avait forcée.
J’avais honte, et à ce moment-là je n’ai pas pu assumer ma bêtise « toute seule ».
(Ce mensonge restera bien sûr sans suites.)
Donc j’allais me faire avorter, anonymement.
Afin que personne de la petite ville où je vivais ne l’apprenne.
En plus, ma tante travaillait dans cet hôpital.
La limite légale était presque dépassée, j’avais presque atteint deux mois de grossesse.

 

Heureusement pour moi, il était encore temps.
Heureusement pour moi, l’IVG existait.

 

Laetitia