J’ai été diagnostiquée avec de l’hypersexualité addictive suite à l’agression sexuelle incestueuse que j’ai subie à l’âge de 13 ans. Qu’on s’entende bien, l’hypersexualité n’est pas un problème en soi. Dans mon cas, ça l’était, car je ne voulais pas avoir de rapport et je me mettais dans des situations où j’étais “obligée” et je regrettais systématiquement et me sentais sale le lendemain, systématiquement aussi. D’ailleurs, mon corps refusait la pénétration dans chacune de ces situations.
Pour vous placer un contexte : je ne voulais plus coucher avec qui que ce soit, tant que je n’étais pas posée avec cette personne, mais je me retrouvais dans des soirées, alcoolisée et/ou droguée ou non, où je finissais toujours par ressentir un désir incontrôlable pour un gars ou une meuf que je finissais par séduire et embrasser, qu’iel soient des ex.e.s d’ami.e.s, des personnes seules ou déjà engagées dans des relations exclusives.
Généralement, il se trouvait un moment, à l’enlevage de vêtements ou juste avant la pénétration où je “reprenais conscience” et où je ne voulais plus rien faire, parce que j’avais conscience que c’était contre mes principes et contre ce que je voulais pour moi-même, tout simplement.
Mais je me sentais forcée de continuer, de ne pas arrêter, puisqu’en plus, c’était moi qui avais commencé (culture du viol bonjour). Toute pénétration était impossible et même en faisant autre chose, je ne prenais aucun plaisir. Pourtant, je recommençais. Le même schéma, la semaine suivante.
C’était douloureux à vivre, je passais tout mon temps à y penser, à culpabiliser, à me dire “plus jamais”… J’en pleurais le soir, j’étais déprimée, ça détruisait des amitiés et en plus, j’avais une mauvaise réputation dans mon lycée. Un enfer à vivre.
Et puis, j’ai réussi à sortir de ce schéma toxique en entamant un suivi psy. On a gratté sous plusieurs couches et au final, j’ai réussi par la thérapie, un changement de groupe d’ami.e.s et du gros travail sur moi-même.
Aujourd’hui, les relations d’un soir me font encore extrêmement peur et je ne pense pas être capable de sauter le pas un jour, de peur de retomber dans l’addiction. J’ai parfois des petites pulsions qui reviennent, mais je sais les contrôler et je sais différencier la pulsion saine et naturelle de la pulsion malsaine et addictive.
Si vous vous reconnaissez dans mon cas, je tiens à vous dire qu’il y a de l’espoir. Allez voir un.e psy, un.e sexothérapeute ou un.e TDS pour réapprendre le sexe de manière saine, sans addiction.
Courage à vous.
– L.
Illustration par Chingo
Que dire … vous avez en quelques lignes expliqué, dévoilé une détresse inimaginable un grand bravo pour votre courage et votre sincérité