Il y a un an, le lundi 6 février 2017, je suis allé consulter mon médecin pour des douleurs à un testicule. Quelques jours plus tôt, j’avais porté un jean qui avait un peu rétréci au lavage, espérant lui faire reprendre sa taille initiale, ce qui avait fait apparaître cette douleur. Dans un premier temps, je m’étais dit que c’était le jean qui avait un peu comprimé le testicule, mais après huit jours, la douleur étant toujours présente, je suis allé voir mon médecin. Quelques années plus tôt, on m’avait trouvé un kyste dans la même région et à l’époque, on m’avait dit que si un jour il me gênait, on pourrait me l’enlever. J’ai donc pensé que la douleur était liée à cela.

À partir de là, tout est allé très vite. Mon médecin traitant m’envoie faire un ultrason le mardi 7 février. Le médecin-radiologue constate une masse sombre dans le testicule, mais plus de kyste. Il me dit qu’il faudrait faire des analyses complémentaires. Mon médecin traitant me demande de passer le mercredi 8 février pour faire une prise de sang. Dans le même temps, il me dit que ce serait bien de prendre rendez-vous chez un urologue pour faire un diagnostic plus poussé. Il prend rendez-vous pour moi pour le mercredi 15.

Arrivé chez le chirurgien-urologue, il m’examine. Et là… le diagnostic tombe : c’est une tumeur. À ce stade, on ne connaît pas encore sa nature, mais il y a une forte probabilité qu’elle soit maligne ; la prise de sang a révélé la présence de marqueurs de cellules cancéreuses. L’urologue me présente donc le protocole : il va procéder à une orchidectomie (ablation du testicule atteint), puis selon les résultats de la biopsie, il faudra consulter un oncologue pour connaître la suite du traitement. Il me propose de m’opérer le vendredi 17 février (on est le 15). Comme on avait prévu de partir cinq jours au ski, je lui demande si cela peut attendre un peu. Finalement, ce sera le lundi 27 février ; je peux en profiter pour faire mes derniers tours de pistes de la saison, parce qu’après, ce ne sera plus possible.

Cette semaine fut extrêmement angoissante pour moi, peut-être la plus angoissante de toute cette histoire. La pose du diagnostic, malgré la gravité, me permet alors de mettre mon énergie et mon attention sur le protocole de soin et d’aller de l’avant. J’entre maintenant dans une sorte de « tunnel » protocolaire. Cela semble beaucoup plus difficile pour mon entourage qui n’a aucune prise sur ce qui se passe.

Avant l’opération, on me propose de faire congeler du sperme, car une chimiothérapie pourrait rendre stérile. Au final, quatorze paillettes seront conservées, et ce, le temps nécessaire. Je passe également un scanner et je rencontre l’anesthésiste pour préparer l’opération. Il me laisse le choix entre une anesthésie générale ou locale. Je choisis la générale. L’idée qu’on me plante une aiguille dans la colonne vertébrale pour une rachianesthésie ne m’enchante pas plus que ça, avec l’idée peut-être fausse, que c’est plus intrusif.

J’entre à l’hôpital le lundi 27 février à 7h (à jeun depuis la veille au soir, et sans boire depuis minuit) en espérant passer assez tôt dans la journée, mais la chirurgie étant ce qu’elle est, c’est difficile de connaître le temps que vont prendre les opérations prévues avant la mienne ou les urgences. Vers 14h30, on vient me chercher pour aller au bloc ; heureusement car je commençais à avoir des maux de tête à cause de la déshydratation. Une perfusion y est prévue pour me réhydrater. Arrivé au bloc, l’anesthésiste commence l’injection.

Je reprends mes esprits en salle de réveil vers 16h30, l’opération en tant que telle aura duré quarante minutes, m’a-t-on dit. Je sors de l’hôpital à 20h30 après les formalités d’usage suite à une anesthésie générale.

Une semaine plus tard, je revois l’urologue pour le résultat de la biopsie. C’est une « belle » tumeur de presque trois centimètres qui a « mangé » presque la moitié de mon testicule ! Et mauvaise nouvelle, elle est bien maligne et même plutôt agressive. Il va donc en effet falloir consulter un oncologue pour la suite du traitement.

Le rendez-vous est pris chez l’oncologue le 21 mars. À ce stade, il y a plusieurs options possibles selon le résultat des analyses de sang postopératoires. Cas 1 : les marqueurs du cancer ont diminué de manière à être sous les limites considérées comme inquiétantes, ce qui signifie que l’opération a éliminé « toutes » les cellules cancéreuses (stade 1 du cancer [1]). Cas 2 : les marqueurs ne sont pas descendus et il reste donc des cellules cancéreuses qui ont déjà migré (stade 2 du cancer [1]). Dans le premier cas, j’aurais le choix entre faire un cycle de chimiothérapie préventif de trois semaines pour être vraiment sûr qu’il ne reste plus de cellules cancéreuses cachées, ou bien ne rien faire. Cependant, si les marqueurs venaient à remonter, il faudrait alors faire trois cycles de chimiothérapie. À ce stade, et vu les caractéristiques de la tumeur, l’oncologue pense qu’il serait préférable de faire un cycle même dans le cas où on ne détecte plus de marqueurs, mais la décision m’appartient. Le second cas signifierait que des cellules cancéreuses ont déjà migré ; le protocole prévoirait alors trois cycles de trois semaines de chimiothérapie.

Manque de bol, c’est un peu entre les deux : l’oncologue manque de données pour conclure. Je dois faire une prise de sang dans une semaine pour voir l’évolution des marqueurs. Il me prescrit également un PET-Scan [2]. Le mardi 28 mars, je revois l’oncologue pour les résultats : sur les images, on voit clairement des ganglions « s’allumer » indiquant la présence de cellules cancéreuses : ceux du drainage des testicules et certains présents dans l’aine droite. La prise de sang n’est plus nécessaire, car on sait maintenant qu’il y a un début de métastase. On applique donc le protocole de neuf semaines de chimiothérapie.

L’oncologue me prescrit la pose d’un port-à-cath [3] pour faciliter les injections et ainsi éviter de passer par une veine dans le bras. L’opération a lieu le lendemain, mercredi 29 mars, afin de pouvoir commencer la chimiothérapie au plus vite.

Elle a débuté le lundi 3 avril 2017 et fera l’objet d’un témoignage complémentaire.

Et pour conclure, je dirais que jusqu’ici tout va bien (jusqu’ici tout va bien…;) ).

        Pour finir sur une note de prévention, je reprends un paragraphe de Wikipédia sur les symptômes [4] du cancer testiculaire : « Le mode de découverte le plus fréquent est l’augmentation du volume d’une bourse à cause d’une masse intratesticulaire. Le plus souvent la masse est indolore, ce qui peut en retarder le diagnostic de plusieurs mois. Parfois le diagnostic est porté sur une masse abdominale ou un signe en rapport avec des métastases cérébrales (convulsions, troubles de la conscience, céphalées). La sécrétion de βHCG par la lésion peut entraîner un gonflement des glandes mammaires (gynécomastie) présentes aussi chez l’homme. »

Merci de m’avoir lu.

Mistur

1. https://fr.wikipedia.org/wiki/Cancer_du_testicule#Stadification_pronostique
2. https://fr.wikipedia.org/wiki/Tomographie_par_%C3%A9mission_de_positons
3. https://fr.wikipedia.org/wiki/Cath%C3%A9ter_%C3%A0_chambre_implantable
4. https://fr.wikipedia.org/wiki/Cancer_du_testicule#Sympt%C3%B4mes

Si ça vous intéresse, quelques vidéos évoquant le sujet :

https://www.youtube.com/watch?v=V_uTm9gL-QA
https://www.youtube.com/watch?v=ZLdSF0hnmcQ
https://www.youtube.com/watch?v=gxtqGhhomQE
https://www.youtube.com/watch?v=7opE3nKPIxQ

Dessin en nuances de gris d’un gros crabe transpercé d’une flèche.

Illustration par Iloé

http://iloe.pro/