La semaine dernière je suis allée au Premier Colloque International sur la Prise en Charge des Femmes Excisées.
Là : http://femmesexcisees-consultationparis2015.fr.
Ce n’était pas « juste » un colloque sur l’excision en général, la notion de « prise en charge » était pour moi importante. En effet, je me destine à une carrière de sexologue – enfin si j’y arrive, parce qu’avec un diplôme en socio/anthropo, je ne sais pas s’il ne va pas falloir que je refasse deux ans de Master, cette fois en psycho, bref, on verra, mais voilà, c’est pour expliquer pourquoi j’y suis allée…
Je pensais être présente lors des deux journées, je devais même participer à des ateliers…
Mais j’en ai eu assez. De plein de choses. De « je suis », « je ne suis pas », des désaccords qui se transforment en guerre sur les réseaux sociaux, du fait que tout le monde se connaissent et que pourtant les amitiés n’aient jamais été aussi vides de sens, de certaines personnes bêtes et méchantes (ce sont exactement les deux mots que je veux employer). Cette phrase n’a ni queue ni tête, mais peu importe, parce que quand on va à un colloque sur l’excision, on relativise direct, comme quand on désaoule d’un coup d’un seul. Il y a des combats qui sont prioritaires, oui. Celui-ci l’est. Deux millions de petites filles. Chaque année.
BREF, je ne suis pas restée longtemps, c’était trop triste, trop horrible, trop injuste. Je suis partie et je suis allée un peu plus tard à une réunion sur la prise en charge des personnes séropositives. C’était prévu. Et j’ai raté mon cours sur les addictions au sexe. Une journée sur le thème de la joie, en somme.
La réunion fut beaucoup moins dure à supporter. Je ne vais pas expliquer pourquoi. Je ne sais pas vraiment de toute façon.
Toujours est-il que je n’ai malheureusement pas pris les notes que j’avais promis, du coup je vous propose juste ce qui suit :
On estime qu’il y a entre 100 et 140 millions de femmes qui ont subi des mutilations sexuelles féminines (MSF) dans le monde. Les mutilations sexuelles féminines sont considérées comme une violation des droits des jeunes filles et des femmes (OMS).
La prise en charge de ces mutilations permet :
– une réhabilitation de la femme sur le plan juridique, anatomique, sensoriel, sexuel et psychologique
– une réduction de la douleur
– une prévention des complications obstétricales et une participation à la lutte contre la pratique de la mutilation (les femmes qui ont été opérées sont les militantes de la lutte contre l’excision).
Il est important que les professionnel-le-s de santé soient formé-e-s à la prise en charge des séquelles de l’excision et qu’il y ait une accessibilité (géographique, financière) à cette prise en charge pour les femmes qui en sont victimes.
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Les attentes des femmes qui viennent pour une chirurgie réparatrices sont nombreuses : attentes identitaire, attentes liées à leur vie sexuelle, attentes face à la douleur (plus une femme est excisée tard, plus elle aura mal par la suite. La douleur peut aussi dépendre du pays car tous ne pratiquent pas l’excision de la même manière. Pour les détails et les schémas, je vous laisse aller voir sur Internet, moi je sature – j’aurais pu faire un jeu de mots avec sutures, mais je m’abstiendrais.)
Le résultat de la chirurgie réparatrice est excellent du point de vue esthétique, et assez intéressant au niveau du plaisir clitoridien chez une femme sur deux environ. Ainsi, la moitié des femmes présentant un orgasme restreint avant réparation a un orgasme régulier ensuite. (Je n’ai pas les tableaux statistiques ni les noms de personnes ayant présenté leurs travaux, mais là aussi, quelques mots-clés bien sentis dans Google en plus du lien ci-dessus, et vous trouverez, si vous avez le courage de chercher.)
Une femme ayant subi une telle mutilation doit être prise en charge à tous les niveaux : médical, psychologique, sexologique, mais aussi juridique, etc.
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Une piste de réflexion : mutilations génitales et corrections génitales (mutilations de personnes interexes et mutilation telles que l’excision – Clitoridectomie lorsque le clitoris est jugé médicalement (sic) trop grand pour que l’enfant soit reconnu comme une « vraie » fille. Les plaintes des personnes intersexes sont très semblables à celles exprimées par les femmes excisées, et ce, même avec les nouvelles techniques chirurgicales qui sont censées préserver la sensibilité de l’organe.)
Ce point de vue n’a pas été approuvé par quelques personnes dans la salle. C’était la partie la plus intéressante à mon sens, mais ensuite c’était la pause, et je suis partie.
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The end.
NB : j’ai laissé « femmes » excisées, parce que c’est dans le titre. Je ne sais pas s’il est judicieux ou non de proposer l’alternative « personne » excisée, parce que je n’ai RIEN trouvé sur l’excision et les transidentités. Peut-être que c’est un sujet peu étudié. Sûrement. Enfin bon, si vous avez travaillé sur ces questions, ou avez des ouvrages / articles / études à me conseiller, n’hésitez pas à les partager.
Voilà, désolée pour la pauvreté de ces notes. Je vous donne le lien d’un site sur l’excision (il me semble que ce site a repris le mien, quelque part, un jour, j’ai reçu un message, mais ce n’était pas un témoignage, simplement de la mise en réseau, donc je ne sais plus bien…) : http://www.federationgams.org.
Il y a aussi : http://www.excisionparlonsen.org.
Je vous rappelle que je prends les témoignages à ce sujet. Il y en avait un en cours, je ne sais pas ce qu’il devient, mais je ne vais pas insister.
Et puis, le 6 février, c’est la journée internationale de lutte contre l’excision.
Tan