MOI :

Je n’aime pas les blouses blanches. Les gynécos, c’est mort, aucune chance que je retourne en voir un.e. Les médecins généralistes, à la limite (NotAllMédecinsGénéralistes).
Mais bon, quand j’ai voulu me faire poser un DIU, je n’ai pas trouvé de médecin généraliste en qui j’avais suffisamment confiance.

LE CHOIX D’UN.E SOIGNANT.E :

Sur le conseil de deux amies, je suis allée voir une sage-femme. Je l’avais déjà vue à une rencontre féministe, donc la trouille, mais ça allait. Et puis ça s’est super bien passé. C’est une soignante, alors ma barre de confiance n’est pas à 100%, mais je pense que je pourrais pas trouver quelqu’un avec qui j’aurais moins peur. Elle n’est pas jugeante du tout. Je sais que quelle que soit la question que je pose, elle ne me prendra pas pour une conne et que si elle a la réponse elle me la donnera. Si elle n’a pas la réponse, elle essaiera de la trouver.

LA PREMIÈRE CONSULTATION :

J’ai pris rendez-vous sur Doctolib. C’est un site qui permet de voir les dispos des soignant.e.s et de bloquer un créneau. Par téléphone, trop de stress pour moi. Je repousse encore et encore et encore… Y aller ? C’est à Paris et je suis à Rouen.
Le jour de la première consultation arrive. Je stresse beaucoup quand même. Dans la salle d’attente, il y a plein de dépliants sur les différents types de contraception. J’en chope un sur la cape cervicale. J’hésite à demander plus d’infos, mais en fait non, c’est vraiment un DIU que je voudrais. C’est mon tour, j’entre, il y a la sage-femme et une étudiante. Elle me demande si ça me dérange si elle reste. J’ai eu du mal à dire que ça me dérangeait, mais j’ai réussi (hourra pour moi !), l’étudiante est sortie avec un sourire et m’a dit au revoir. J’étais déjà très étonnée qu’on me demande mon avis, j’étais encore plus étonnée qu’on me sermonne pas sur le besoin des étudiant.e.s à se former, que sans ça ils/elles n’apprendront jamais blablabla (le discours habituel, quoi) et qu’en plus, elle soit polie et agréable, bien que je ne veuille pas d’elle (si tu me lis, étudiante sage-femme, merci beaucoup à toi). À partir de là, je suis en confiance.

On parle un peu de mon parcours médical (chaotique), de mes expériences avec les blouses blanches (souvent violentes). On parle des contraceptions que j’ai eues. Des grossesses que j’ai eues (avortées). Et puis on parle du DIU. Elle me présente les deux sortes qui existent, leurs avantages, leurs inconvénients, celui qu’on pose le plus. Les conséquences que ça peut avoir (les bonnes et les mauvaises). Elle me laisse le temps de réfléchir un moment. Et puis je prends ma décision. Je voudrais un DIU hormonal, pour ne pas avoir des règles plus abondantes et douloureuses (ce qui est déjà le cas). Elle me prescrit un examen que je dois faire, chlamydia, et le DIU que je dois acheter à la pharmacie. Je m’occuperai de tout ça à Rouen et je reviendrai à Paris pour la pose.

LE JOUR DE LA POSE :

J’y vais avec un petit stress, mais franchement ça va, c’est pas la grosse angoisse de d’habitude (que j’ai eu même pour un simple renouvellement de pilule).
On se dit bonjour, on papote vite fait, banalités. Je m’assieds. Elle me demande comment je veux que ça se passe. J’avoue que j’ai buggé, je ne pensais pas qu’il y avait plusieurs possibilités. Elle m’explique que je peux aider, ou alors je peux tout lui laisser faire. Pour l’aider je peux notamment poser le spéculum. Trop cool le DIY de la gynécologie quoi ! J’opte pour poser moi-même le spéculum. Je me déshabille, elle retourne à son bureau et me laisse me déshabiller et m’installer tranquillement.

Pour la pose du spéculum, elle me dit que c’est pas compliqué, m’explique dans quel sens, il y a du lubrifiant dessus donc je l’enfonce et ça va tout seul. Elle l’ouvre, me demande si ça va bien. Ça appuie un peu sur ma vessie, ça me donne envie de pisser, mais ça ne fait pas mal. Elle l’enfonce un peu plus, comme je lui demande, et effectivement j’ai un peu moins envie. Et puis on commence direct la pose. Moi qui m’attendais à devoir rester une heure les pattes écartées, on y va direct. On papote. Je sens que ça touche au fond mais rien de douloureux. Mon col résiste un peu apparemment donc elle tournicote l’appareil pour rentrer. Ça rentre. Je le sens. Ce n’est pas une douleur, ce n’est pas désagréable, mais je sens que c’est l’endroit où je sens qu’il se passe des trucs quand j’ai mes règles.

Une fois l’inserteur à l’intérieur, elle me prévient qu’elle va relâcher le DIU doucement. Que si ça fait mal je le dis, on ralentit. Je n’ai pas eu de douleur, au moment où il va se déplier, elle me prévient que ça va pincer. J’ai eu un coup de stress une demi-seconde, ça pique. C’est fini.

J’ai ressenti une pique dans ma cicatrice d’appendicite (c’est un endroit souvent douloureux chez moi pendant mes règles). Beaucoup moins fort qu’un point de côté. Beaucoup moins douloureux que lors de mes règles. Elle chope les ciseaux et me dit qu’elle va couper les fils. Autant dire que pour moi c’est le moment le plus flippant. Je n’étais pas terrorisée, mais des ciseaux dans ma chatte quoi ! C’est la première fois ! Elle coupe les fils. C’est fini. Elle retire le spéculum doucement.

Je demande à voir un fil de plus près, je voudrais toucher la matière. Je joue un peu avec, je fais un nœud pour voir si ça tient (l’instinct de couturière reprend le dessus !).

Je me sens un peu bizarre. Genre comme après avoir bu un petit verre. Je mets des doigts dans ma chatte pour sentir les fils. Je trouve ça trop cool. Effectivement je sens un ou deux centimètres de fil. Je m’allonge plus confortablement et je resserre les jambes. J’attends un peu pour voir si tout va bien. Ce n’est pas vraiment une douleur, j’ai un peu chaud, les oreilles un peu bourdonnantes. Mais tout va bien. J’attends quelques minutes, on papote un peu de tout et de rien. Quand je sens que j’ai moins peur, je me redresse. J’essuie avec un bout de papier sous mes fesses du lubrifiant que j’ai entre les jambes. Je me lève et je vais me rhabiller. Je me lave les mains. Je marche bien. Je n’ai pas mal. Je n’ai peur d’avoir mal, peur qu’un malaise arrive, même si rien de tout ça n’est là.

Elle m’explique comment je peux sentir les fils. Ce qui se passe si je ne les sens plus. L’expulsion possible, etc… On en avait déjà parlé, mais on revient dessus pour être sûres. C’est rassurant, les infos sont identiques à celles que j’avais eu lors de la première consultation. Je paye la pose du DIU (25 euros, j’ai une carte vitale, je ne sais pas comment ce sera remboursé). Je demande s’il est possible que j’aie mal plus tard même si j n’ai pas mal pour le moment. Elle me dit que oui, et me donne des astuces contre la douleur (Ibuprofène, bouillotte, gingembre).

Je rentre en voiture parce que je ne me sens pas rassurée. Effectivement, ça commence à faire un peu mal. Le truc qui se rapproche le plus de ce malaise/douleur pour moi, ça serait une diarrhée qui me coupe la force dans les jambes. J’avais exactement la même sensation et quelques nausées.

Arrivée à la maison, j’ai mal comme si j’avais mes règles mais en un peu moins intense (j’ai des règles particulièrement douloureuses. À ne plus pouvoir bouger du tout parfois). Je saigne un peu. Je prends deux Ibuprofènes et un cachet pour dormir.

AUJOURD’HUI (6 juillet 2016) :

Je me réveille à 9h30. Je n’ai pas mal. Je trottine en chantant n’importe quoi dans l’appart. Je mange un énorme petit dej’. La routine quoi. J’ai eu peur d’aller à la selle. Est-ce que le DIU peut bouger ? Est-ce que ça va faire mal comme quand j’ai mes règles ? Je me suis retenue une heure, mais bon, je vais pas pouvoir me retenir pour toujours. J’y vais. Ça se passe bien, je sens, je crois que c’est parce que la pose date d’hier, mais aucune douleur.

J’ai repris un Ibuprofène, plutôt parce que j’ai peur, car je n’ai pas de douleur. Je saigne toujours légèrement. Sous la douche, je mets mes doigts dans ma chatte pour sentir les fils. Ils sont beaucoup plus courts. Le DIU a dû remonter. Mais je les sens toujours.

Tout va bien. Hier soir j’étais trop contente, je suis encore trop contente ! J’espère qu’il va tenir et que mon utérus ne va pas l’expulser. J’espère ne pas avoir trop d’effets secondaires chiants. J’espère avoir des effets secondaires cool (pas de règles et des gros seins, allez je croise les doigts !). Et si c’est ça, je suis tranquille pour  cinq ans ! Le pied quoi !

Mäsha Bombed

À gauche, une photo : une main passe au travers des feuilles d’une plante ses doigts forment une serre. À droite, un dessin : un corps de femme du nombril jusqu’aux genoux. La femme est en culotte. Au niveau de son bas ventre, on retrouve la photo de gauche dessinée donnant l’impression que cette main s’agrippe.

 

Illustration par N.O.