Tu es LE militant 2.0, le keyboard-warrior de toutes les oppressions sur Facebook. Je dis “tu”, mais il y en a plein des comme toi. Le militantisme, tu connais. Antiraciste, antifa, pro-féministe (oui, car tu ne veux pas prendre plus de place qu’il n’en faut vu que t’es un homme, c’est mignon), pas homophobe pour un sou, bref, LE militant éclairé quoi. Les personnes non-safe tu les éjecte, les autres peuvent rester. C’est cool, le système des bons points militantisme marche bien, tu fais partie du Politburo bien huilé des réseaux sociaux. Nous pouvons dormir en paix: un homme explique le consentement aux mecs non-safe, que les rape-joke c’est pas marrant, PAR-FAIT !

Ensuite vient la vraie vie. L’image d’Épinal de ce que tu es sur Facebook s’écaille. Tout ça c’est du mytho. L’égalité, la parité, tant que ca reste sur le palier, et que ca ne rentre pas à la maison, c’est cool.

Les femmes restent des objets pour toi, quoi que tu en dises. Et crois-moi, c’est pas difficile d’avoir des sources là-dessus, vu comme tu t’en es donné et t’en donnes à coeur joie. Enchaîner les conquêtes, n’est pas un problème. Enchaîner les meufs bourrées quand elles sont fragiles, si. Une meuf qui a perdu quelqu’un de proche et que tu fais boire. Ou celle qui a soudainement l’alcool triste et que tu écoutes énumérer tous ses abus, puis lui demande de faire un câlin dans le même lit. Tu couches avec les gens, en deviens proche, leur parles, puis une fois que la personne ne veut plus coucher, silence radio. Sauf quand ces personnes ont bu, on ne sait jamais, il y a peut-être moyen. S’il n’y a pas moyen avec une, peu importe, il y en a forcément une autre qui aura assez bu. Tu ne perds pas de temps, c’est bien.

Si une meuf vient d’être quittée par son mec et qu’en ayant bu répond à tes avances, et finalement te dit non le lendemain, à nouveau silence radio.

En soirée, une meuf est habillée sexy, t’as beau connaître son mec, savoir qu’elle est heureuse avec, tu vas lui faire des avances. Si une meuf danse avec toi et que tu te retrouves excité, c’est forcément une raison pour demander plus. “Ah bah non, c’est normal que j’ai envie de toi, t’as vu comment t’as dansé ?”. J’aime juste danser, et t’étais là.

C’est pratique, tu sais que cette meuf ne sait pas dire non quand elle boit. Il te suffit juste d’attendre. Et de tâter la température de temps en temps.

Et puis, tu vois qu’elle est triste. Elle te parle de choses douloureuses, elle ne va pas bien. Elle n’est pas en état de coucher, ce n’est pas ce qu’elle a en tête. Elle a juste envie de parler à quelqu’un qu’elle connaît, et vous vous connaissez bien, non? Elle t’a même dit plusieurs fois qu’elle ne comptait pas coucher.

Tu lui proposes des câlins. Tu sais pertinemment que quand elle est bourrée, elle ne résiste pas aux contacts physiques. Malin le mec. Alors oui, tu lui as demandé 36 fois si elle voulait. Oui, elle a même initié le truc. Mais c’est surtout parce qu’elle pensait qu’il n’y avait plus de bières, et qu’elle voulait quelque chose pour aller “moins mal” à ce moment-là, n’importe quoi.

Alors oui, vous avez couché ensemble. Alors qu’elle venait de te faire l’inventaire quasi-exhaustif des abus dans sa vie, qu’elle n’a pas arrêté de te parler de son mec qu’elle aime à la folie (t’as même précisé que ça faisait un moment que tu le connaissais), alors qu’elle t’avait parlé de son meilleur-pote-ancienne-conquête avec qui il ne s’était rien passé, même si archi-bourrés en dormant dans le même lit, parce qu’il s’en serait toujours voulu de gâcher son bonheur. Ah, oui, un vrai pote, vous en aviez convenu. En vrai tu t’en foutais, tu pensais juste à la sauter, n’est-ce pas ? C’est trop facile de mettre ça sur le compte de l’alcool, de dire que ça fait de toi “une bite”. Ce pote en question pareil, la femme en question aussi, pourtant ils n’ont pas couché. Bizarre non ?

Elle le dit donc à son mec. Tout ce qui te fait chier, c’est qu’il va te détester. Elle est au bout du rouleau, mais à nouveau, silence radio. Puis tu réapparais juste parce qu’une autre personne t’a dit que tu n’étais pas cool du tout, pas parce que ça te posait problème. Et là, tu lui dis que s’il veut, son mec peut te mettre une droite. Parce que tu as souillé sa propriété, vois-tu. “Tu as pris ma poupée gonflable, donc je t’en mets une !”…. Sérieux ? Tout le monde n’est pas comme toi. L’avant-garde du féminisme, vraiment !

Je ne dirai pas de nom, je m’en tape d’une éventuelle “vengeance”. Je vais bien, nous allons bien. Mais la prochaine, elle ira comment ? Elle vivra ca comment ? Peut-être qu’elle dira ton nom. Peut-être qu’elle aura été moins “active” que moi, peut-être qu’elle mettra le mot “abus” (ou pire) sur ce que tu fais. Je ne vais pas dire si tu mérites un tel scénario, je m’en fous, ce n’est pas à moi de décider. Par contre, la prochaine, elle ne mérite PAS d’être un bout de viande dans lequel tu te branles. Elle ne mérite pas d’être dégoûtée du sexe pendant des semaines, de ne plus pouvoir toucher son mec, se toucher, ou même de ne plus voir de films, de séries, ou d’écouter de chansons, puisqu’il est question de sexe dedans.

Je te demande juste, toi le “militant”, de bien te regarder dans le miroir. Tu comptes la continuer longtemps, l’hypocrisie ? Tu comptes mettre longtemps tes comportements sur le compte de l’alcool, et ne JAMAIS assumer ce que tu fais ? Arrête un peu le déni. Tu n’es PAS ce que tu prétends.

Il vient un moment où tu dois te poser les bonnes questions: tu es “pro-féministe” parce que tu veux vraiment l’égalité, ou pour flatter ton égo ? Tu en as vraiment quelque chose à faire du vécu de tes camarades, ou c’est leur souffrance qui te fait bander ?

Kikkelin-Leikkaaja

Illu (PRO) FÉMINISTE EN CARTON - BD
Léo