Quand j’ai rencontré le père de mes enfants, notre entente sexuelle a été incroyable. Nos corps se répondaient et s’emboîtaient parfaitement. J’imagine qu’il y a des phéromones et que c’est chimique, cependant, j’ai toujours trouvé cela magique. Nous avons eu une sexualité assez tranquille, tous les deux, nous nous suffisions à nous-mêmes.
Enfanter, il y a un avant et un après, au niveau du corps, c’est certain. Avant, j’avais de la graisse au niveau du ventre, après, je pouvais prétendre que c’était un reste de mes enfants, même si c’est ma morphologie. J’ai toujours eu une grosse poitrine, et j’ai pu prétendre que la maternité l’avait changée, alors que c’est faux. La maternité m’a permis d’assumer mon corps qui était déjà semblable au corps typique d’une mère quadragénaire.
Lors de ma première grossesse, je m’attendais à prendre du poids, et c’était même une stratégie que j’imaginais judicieuse pour éviter l’épisiotomie, de penser que mon poids trop important les empêcherait de me manipuler pour me charcuter. Je n’ai pris aucun kilo pendant la grossesse. Je n’ai pas eu d’épisiotomie, pour aucun des trois accouchements que j’ai accomplis. J’ai même eu un poids stable pour chacune de mes grossesses. Quand il me manquait trois kilos, mon corps les a pris, puis le poids de grossesse atteint, s’est stabilisé pour le reste de la grossesse.
Depuis toujours, ma libido est haute. Les mecs avec qui j’ai couché en ont souvent été ravis, ceux avec qui j’ai été en couple l’étaient moins, car sur leur échelle, j’avais tout le temps envie de baiser. Le père de mes enfants a été ravi au début, et s’est un peu lassé au fur et à mesure que le temps passe, et que ma libido continue à être importante.
Quand j’ai été enceinte pour la première fois, les modifications de mon corps ont été fascinantes pour moi. J’ai eu des vergetures sur le ventre deux jours avant l’accouchement, j’avais espéré y échapper jusque-là. Pourtant, j’avais déjà des vergetures sur les cuisses et les seins depuis la puberté. J’avais eu beau m’oindre d’huile spéciale tous les jours, ma peau a craqué, c’est génétique. Pendant la grossesse, j’étais en forme et ma vie sexuelle n’était modifiée que par ma fatigue, ou par certaines positions impossibles.
Juste après mon premier accouchement, j’ai eu la surprise de garder un ventre rond. Comme je n’avais pas pris de kilos sur la balance, j’étais plus mince qu’avant la grossesse, une fois le bébé et son attirail sortis de mon ventre. Comme j’allaitais, mes seins étaient gonflés. Juste après mon premier accouchement, ma silhouette me plaisait. Je me sentais vraiment sexy. Mes cheveux sont tous restés, et avant d’atteindre le seuil de nuits hachées qui ternit mon teint, j’étais vraiment une sexy mama !
Trois jours après l’accouchement, malgré une douleur due à une déchirure du périnée (pour éviter cela, j’ai accouché dans ma position favorite les deux fois suivantes, en changeant de maternité), ma libido était très très haute. Je me sentais forte, accomplie, ma silhouette était sexy. J’avais besoin de jouir. J’étais encore à l’hôpital et je me suis débrouillée seule pour me faire plaisir.
En fait, je n’ai parlé à mon partenaire et père de mes enfants que bien plus tard de cette masturbation.
Quelques semaines plus tard, je pense que c’était trois semaines après la naissance, j’avais à nouveau envie de relations sexuelles. La pénétration n’était pas possible pour moi, car j’avais mal du fait des points de suture, et en plus, j’imaginais mon vagin dilaté, ce qui me freinait sur cette pratique. Pour autant, nous avons eu des relations sexuelles satisfaisantes pour nous.
Après les deux autres grossesses et accouchements, ma libido est revenue aussi rapidement, quelques jours après la naissance du bébé. J’ai souvent utilisé la masturbation pour me satisfaire, étant donné que la fatigue et la logistique impliquant de jeunes enfants ne nous permettaient pas toujours d’être synchrones sur nos désirs. J’ai parfois freiné un peu sur la stimulation de ma poitrine, car j’allaitais, et par moments, je n’avais plus envie qu’on me touche les seins de la journée.
J’ai quand même voulu solliciter mon partenaire plus souvent, et environ au même moment, j’ai découvert la notion de consentement. Une fois que j’ai pris conscience de cette notion de consentement et de son importance, j’ai cessé de solliciter mon partenaire quand j’en avais très envie. Je sais pertinemment que sa libido est moins élevée que la mienne. J’ai donc traversé une période de plusieurs mois sans rapports sexuels autres que la masturbation. J’ai été très frustrée et j’ai fini par avouer à mon partenaire que j’avais besoin de plus de sexe.
Depuis, rien ne s’est amélioré au niveau de ma frustration sexuelle. La fatigue et la logistique nous rendent moins patients, et moins disponibles l’un envers l’autre. J’ai investi dans des sextoys de qualité pour me faire plaisir, et je ne le regrette pas. Je préfère compter sur moi-même pour mon plaisir sexuel à mon rythme. Mon partenaire sait ce qu’il en est, je sais qu’il se masturbe également, d’ailleurs. La confiance mutuelle fait que nous pouvons communiquer sur les pratiques que nous désirons avoir de nouveau, plus jamais, ou les nouvelles pratiques sexuelles que nous souhaiterions essayer.
Nous peinons à nous retrouver avec la même envie au même moment, pourtant nos ébats sont toujours satisfaisants.
MG

Photographie: sur un fond blanc, une femme de trois quart dos. Elle est corsetée de noir fesses nues, les poignets croisés et attachés au bas de son dos.
Illustration par Korz